2018·BLOG·Montagne

Lac Bleu, Lac Vert 2018

Aujourd’hui, je vais vous parler du magnifique circuit des lacs Bleu et Vert au départ de la Vallée du Lys dans les Hautes Pyrénées.

Randonnée Lac Bleu/Lac Vert from Josselin Martineau on Vimeo.

Avec mon ami Yoan, nous avions déjà tenté l’expérience au mois d’avril 2017. Rapidement bloqués par la neige, nous avions dû rebrousser chemin. Depuis ce jour, la frustration de n’avoir pas vu le moindre lac ne nous avait pas quittés.
C’est ainsi que nous avons pu, Yoan Loïc et moi, prendre notre revanche ce samedi 22 septembre 2018 sur cette magnifique boucle.

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Au départ de la Vallée du Lys

Après plus de 3 heures de route, nous quittons le parking de la vallée et nous engageons sur le sentier qui nous mènera haut. Très haut. J’ai toujours été sensible à la vue du vide. Épreuve après épreuve, je semble progresser et atténuer cette sensation de vertige. Je sais d’avance que cette randonnée de 17 kilomètres et de 1300 mètres de dénivelé ne me laissera pas de marbre.
Si je vous parle de cette randonnée, c’est parce qu’elle est probablement la plus belle que j’ai jamais faite. La première partie, sans grand intérêt, se fait dans un sentier boisé, ce qui nous permet seulement d’observer quelques cascades, mais aucun point de vue sur la vallée. Les presque 2 heures sans vraiment apprécier la vue, sont longues.

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2 heures de marche
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Vue imprenable sur les 3000

Arrivés à la cabane Prat de Long après 2 heures de marche, nous découvrons la vue magnifique sur la vallée ainsi que sur les quelques sommets de plus de 3000 mètres, dont le Néouvielle que nous avions tenté deux années plus tôt. L’ascension va être longue encore, mais avec la vue que nous avons, nous sommes impatients d’avancer. Sur le chemin, nous croisons une brebis à l’agonie. La loi de la nature est terrible, mais ce malheureux spectacle nous en offrira un nettement plus grandiose quelques temps plus tard.

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La vallée est superbe

Nous montons haut. La pente n’est pas facile mais nous prenons le temps de boire, de manger, et surtout d’admirer. Nous nous approchons d’un petit lac alimenté par un bloc de glace encore bien fourni, avant de reprendre notre ascension.
Nous ne sommes plus très loin du lac Bleu. Alexandre, un randonneur expérimenté vient ne nous l’apprendre. Ouf. Nous discutons un moment et assistons au magnifique vol des vautours au-dessus de la carcasse agonisante de la brebis que nous avions croisée bien plus bas. Les vautours dessinent de grands cercles et passent tout prés de nous. Je suis sans voix devant un spectacle pareil. En bas, nous voyons déjà le lac Vert que nous rejoindrons plus tard dans la journée.

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Vue sur le lac Vert

Le sentier est raide, très escarpé. Nous arrivons même à un endroit ou le passage est si étroit sur quelques mètres, qu’un câble est accroché le long de la paroi pour les plus frileux. Evidemment, je l’attrape avec fermeté. Mes compères, eux, n’en n’auront nul besoin. Pour la première fois, je commence à ressentir une légère sensation de vertige, rien de méchant. Juste quelques chatouilles dans le ventre. Je sais que le moindre faux pas ne pardonne pas, mais pour avoir étudié cette randonnée, je sais aussi que le plus dur reste à venir. Je prends sur moi. Je laisse toujours une main sur la paroi quoi qu’il arrive, et surtout, je me retiens de regarder le vide. Ce n’est que lorsque je verrai le film de ma Go Pro, que je réaliserai mon exploit. Quelque chose d’anodin pour certains mais pas pour moi.
Enfin. Le voilà. Le Lac Bleu. Nous accélérons le pas. Il faudra traverser le barrage et son pont suspendu. Même pas peur. Nous nous arrêtons. C’est ici que nous allons pique-niquer. Le cadre est sublime. Moi qui d’ordinaire ne suis pas très admiratif de la main bétonnée de l’homme sur les lacs de haute montagne, je trouve ce lac et sa cascade magnifiques.

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Le lac Bleu et son barrage : 2273m

Nous commençons à tremper les pieds, mais je veux vivre cet instant autrement. Pourtant, je suis plutôt frileux et très hésitant lorsqu’il s’agit de me baigner dans l’océan en plein été, mais la tentation est trop grande. Je plonge. Évidemment, je ressors aussitôt. Le froid est saisissant, mais me procure une grande sensation de bien-être. Par chance, le ciel est complètement dégagé et le temps magnifique. Je serai sec quelques minutes plus tard.

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Le lac Bleu et sa cascade
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Yoan, Loïc et moi devant le lac

Après avoir avalé nos sandwiches, nous partons en direction du lac Vert. Bien que vertigineuse, la traversée du barrage est plutôt amusante. Un dernier coup d’œil sur ma droite en direction du lac que nous ne verrons plus à présent. A peine la descente entamée que nous apercevons un couple de marmottes sur notre gauche. Nous sommes gâtés. Nous ne les quittons pas un instant des yeux.

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Après quelques minutes, nous réalisons que nous ne sommes plus sur le sentier. Obnubilés par les marmottes, nous n’arrivons pas à comprendre comment nous sommes sortis du chemin de randonnée. Nous sommes dans une vallée raide. Les mottes de pelouses sont glissantes et les rochers peu nombreux. Nous progressons sans savoir si nous retrouverons le sentier à droite ou à gauche. En contrebas, nous voyons le lac Vert, mais de toute évidence, nous descendons droit vers le sommet d’une falaise.
Je panique. Mes jambes se mettent à trembler et je ne peux me résoudre à enlever mes mains du sol. Ça y est, je ne peux plus bouger. Je décide de m’assoir un instant. J’inspire, j’expire. Je tente en vain de calmer mes angoisses. La moindre inattention me ferait glisser jusqu’en bas. Cette idée me tétanise. Tout à coup, je réalise que je ne vois plus Yoan et Loïc. Depuis combien de temps ont-ils quitté mon champs de vision ? Je l’ignore. Un sentiment de solitude s’empare de moi, en plus de mon vertige et de mes tremblements. Ça commence à faire beaucoup. Allez c’est décidé, je me lève. Le temps est venu de vaincre ma peur du vide. Je fais un pas. Un autre. C’est long. J’entends qu’on m’appelle : « Joss ? ». Je vois alors Loulou (Loïc) apparaître. Cela fait plusieurs fois qu’ils m’appellent. Je n’ai rien entendu. Ils ont trouvé le chemin. Il est là à 30 mètres. Je suis un autre homme. Mes pas accélèrent ignorant le vide.

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Crocus d’automne

Je pose enfin un pied, puis deux sur le sentier. Nous sommes sauvés. Je me sens serein pour la descente. Il faudra s’aider des mains pour franchir certains obstacles. De nouveaux passages à flanc de montagne m’obligeront à m’agripper aux câbles. Il me faudra laisser glisser mes fesses sur les rochers, tout en restant attentif aux conseils des garçons pour savoir où poser mon pied. Je dois faire deux fois plus d’efforts et mes jambes s’en ressentent. Elles ne peuvent résolument pas s’arrêter de trembler. Je dois faire avec, d’autant que l’obstacle que je redoute tant arrive droit devant moi. Je l’avais lu sur les itinéraires de randonnée : « un passage équipé de clavijas ». J’en avais fait des cauchemars avant ce jour. Il s’agit d’un grand rocher lisse de plus de 3 mètres, dressé à la verticale, dans lequel des tiges métalliques ont été plantées pour aider à la descente. J’ai le souffle coupé, mais cette étape tant redoutée se fera avec une relative facilité.

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Clavijas

Je sais à présent que le plus dur de la randonnée est derrière moi. Voilà déjà bientôt 6 heures que nous sommes partis et je me réjouis d’avoir réussi à franchir ces difficultés. Je descends tout en contemplant le lac Vert en contrebas. Nous approchons…

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Vue sur le lac Vert

Encore quelques minutes et nous voilà au pied du grand et splendide lac Vert. Encore une fois je suis sans voix. Il est certainement le plus beau lac que j’ai eu l’occasion de voir. Est-ce une impression consécutive aux efforts que je viens de faire ? Je ne sais pas. Je sais seulement que je suis envahi par une sensation de bonheur intense. Je voudrais ne jamais quitter cet endroit. Quelques randonneurs sont installés çà et là de part et d’autre du lac. Ils n’ont pas pris le même itinéraire que nous et sont montés directement sur le lac Vert. Nous aurions terriblement regretté de ne pas passer par le lac Bleu, c’est certain. Ce sont les premiers marcheurs que nous voyons depuis Alexandre.

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Le lac Vert : 2104m

Le moment n’est plus à l’allégresse. En plein mois de septembre, le Soleil se couche vite en haute montagne. Il est 15 heures et nous devons songer à partir.

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Selfie devant le lac Vert

Nous ferons le retour par le même sentier emprunté par les randonneurs croisés au lac Vert. Dans le silence, nous descendons progressivement vers le parking, songeant à quitter cette vallée spectaculaire. Nous croisons de nouveau Alexandre. Il n’a pas fait le même circuit que nous. Depuis le lac Bleu, il a continué son ascension vers les lacs Charles et Célinda. Nous y avions songé nous aussi. La prochaine fois. Parce que nous nous le sommes dits entre nous. Nous reviendrons vaincre les lacs au départ de la vallée du Lys.

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Au bistrot de la Vallée du Lys où nous retrouvons Alexandre

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