
Bonjour,
Voilà un moment que je n’avais pas partagé d’article sur mon site. Pourtant, il s’en est passé des choses depuis 2020. Pas de quoi en écrire des articles cependant. Souvenez vous, j’étais dans l’attente d’un marathon sous la barre des 4 heures et de l’ascension d’un pic pyrénéen de plus de 3000 mètres.
Rassurez vous, je n’ai fait ni l’un ni l’autre. J’ai couru ce 14 mai, le marathon de Blaye en 4 heures, 00 minute et 20 secondes. Quel manque de volonté ! L’année dernière, toujours avec mon ami Yoan, nous avons fait l’ascension de notre premier sommet pyrénéen, à savoir le pic de Hourgade qui culmine à 2964 mètres. On peut dire que je n’ai jamais été aussi proche de mes deux objectifs, et fort de ces deux expériences, j’espère qu’ils seront atteints en 2022 pour le marathon et 2023 pour le 3000.
Concernant le billet de blog du jour, je ne pouvais pas ne pas vous parler des 3 jours que je viens de passer dans les Pyrénées. Si vous avez de la mémoire, j’ai partagé en 2018 un article sur ma randonnée cauchemardesque au refuge Jean Arlaud que je vous invite à lire si ce n’est pas déjà fait. D’une certaine façon, on peut dire que l’histoire semble se répéter et que tout porte à croire que je ne dois pas me rendre seul sur les chemins Pyrénéens. Question de Karma.
Les objectifs de cette longue randonnée étaient de bivouaquer le lundi à la Tusse de Montarqué, que je n’avais pas pu atteindre en 2018 à cause de la neige, de la grêle, de la pluie et du vent qui m’avait fait chavirer. A deux reprises ! La Tusse de Montarqué est une vaste plaine culminant à 2889m d’altitude entourée par tous les pics de 3000m de la vallée d’Oô. Je devais, le mardi, faire l’ascension d’un ou trois pics à plus de 3000m. Le pic Gourdon (3034m), le pic des Spijéoles (3065m) et le pic Belloc (3008m). Les trois partagent la même arrête et peuvent se faire à la chaîne. Cependant, le Gourdon aurait suffit. Souvenez vous que le vertige, bien qu’atténué au fil des expériences, me guette toujours. Pas question de me dégoûter de la montagne. Avec le Gourdon seul, je devais de nouveau bivouaquer sur la Tusse le mardi soir, et si j’allais jusqu’au Belloc, je devais bivouaquer au lac Belloc en redescendant, et profiter du mercredi pour regagner tranquillement ma voiture…
Nous sommes Dimanche. Je viens de passer deux fabuleuses semaine de vacances avec mon petit Aubin qui retourne chez sa mère en fin d’après midi. Je mets mon réveil à 4h du mat’ pour arriver sur le parking des Granges d’Astau au lever du jour, et je jette un nouveau coup d’oeil sur la météo. Orage demain après midi. Je relativise. Ça peut encore bouger au fil de la soirée. J’envoie un mail à Régis le gardien du refuge du Portillon qui se situe sous la Tusse. Je serai plus tranquille de passer la nuit en refuge plutôt que sous une tente. Il fera beau le mardi et le mercredi. Mais s’il y a orage demain, est-il raisonnable de répéter le cauchemar de 2018 sur les mêmes sentiers ? La déception guette mais il est temps de revoir mes plans. Je vais trouver un Airbnb demain soir à proximité des Granges d’Astau, mais je dois abandonner l’idée d’enchaîner trois pics. Aurais-je seulement pu ?
Il n’y a qu’un Airbnb à proximité du départ. Chez Estelle à Loudervielle. Il est 23h30 et il ne me reste que 30 minutes pour réserver, sans la moindre certitude qu’Estelle accepte ma réservation. Je réserve et retarde mon réveil. Plus rien ne presse. A 8h du matin, ma réservation Airbnb est validée. Mes affaires sont déjà prêtes. Je prends une douche et je quitte mon appartement.
Après de multiples arrêts, j’arrive dans la petite ville de Loudenvielle à 13h. Je prends des brioches et du jus d’orange pour mon petit déjeuner demain, j’achète la carte IGN du massif du Néouvielle où je compte me rendre dans les années à venir, et je prends la direction de Peyragudes. La plupart des commerces sont fermés. La station est presque déserte. La rentrée des classes est cette semaine et il semble que les touristes aient quitté la région. Un bar restaurant fait de la résistance : La Terrasse. La vue y est magnifique. Je m’installe et commande un Coca. Je suis tout seul. Je prends le temps d’ouvrir ma nouvelle carte IGN. En 2016, avec Yoan, nous avons tenté de faire l’ascension du pic du Néouvielle à 3091 mètres d’altitude. Cette année là, je découvre que j’ai le vertige et que je suis incapable d’affronter ma peur du vide. Grimpant les rochers à quatre pattes, je finis tétanisé. Nous n’avons d’autre choix que de faire demi tour. Heureusement, j’ai continué à cumuler les randonnées aux passages de plus en plus exposés. J’ai fait en 2020, une via ferrata sans trop souffrir de ma peur du vide, et ici, à Peyragudes, il y a tout juste un an, l’ascension du pic de Hourgade qui débute ici, juste en dessous de La Terrasse. Je marchais, pour la première fois de ma vie, sur une arrête sommitale, ne souffrant, pas trop, du vertige.

Il est temps à présent de partir à la rencontre d’Estelle. Je quitte La Terrasse et arrive à 17h à Loudervielle où elle m’attend. C’est la première fois que je prends sur Airbnb, un logement partagé. J’appréhende un peu, mais les nombreux avis positifs sur la plateforme d’hébergement m’inspirent confiance. Un petit chemin de pierres descend jusqu’à la maison. Rien autour. Des arbres et une grande framboiseraie. Nous visitons la maison. Le séjour, ma chambre et ma salle d’eau. Si je veux un café, un thé, je n’ai qu’à me servir. Estelle doit repartir finir sa journée de travail. Je m’installe dehors avec ma carte IGN de la vallée d’Oô et Pyrénées, d’un 3000 à l’autre de Florian Jacqueminet. C’est le livre qui m’avait permis de découvrir le parcours du pic Belloc au Gourdon, en passant par les Spijeoles. Le chat Pito s’installe sur la chaise à coté de la mienne. Maintenant que j’ai perdu une journée, je dois impérativement revoir mon parcours avant la tombée de la nuit. Deux choix s’offrent à moi : le pic Gourdon par la Tusse de Montarqué, ou le pic Belloc par le lac du même nom. J’abandonne l’idée de faire l’ascension des Spijeoles qui est pourtant très convoité par les montagnards. Le pic Belloc semble plus rapide. Je peux le faire dans la journée et redescendre bivouaquer à côté du lac. Le pic Gourdon, que j’envisage sur deux jours, me permettrait de passer par le refuge du Portillon et d’enfin découvrir la Tusse de Montarqué. Alors que je raconte à Pito les itinéraires de la carte IGN et que je lui lis des passages du livre de Jacqueminet, je réalise qu’il dort. A quel moment a-t-il arrêté de m’écouter ?
J’entends la voiture d’Estelle qui est déjà de retour. Elle a encore quelques bricoles à faire dans son atelier. Je m’étais un petit peu renseigné avant de faire ma réservation sur Airbnb. Estelle a créé Fragosta, un vin pétillant qui tient ses arômes de ses cultures de framboises. Elle m’annonce que son conjoint arrivera dans un quart d’heure. Proposant aussitôt que nous allions manger tous les trois à La Terrasse de Peyragudes, j’ai du mal à dissimuler mon soulagement. L’idée du « tête à tête » me mettait un petit peu mal à l’aise. J’ai beau être d’un naturel sociable, chez Estelle, qui montre pourtant le visage d’une hôte serviable et hospitalière, je ne peux pas m’empêcher de me dire que je m’immisce dans son intimité. Elle a pourtant l’habitude mais ce n’est pas mon cas.
Quelques gouttes commencent à tomber. Je prends ma carte et mon bouquin pour me réfugier à l’intérieur. Pito reste sur sa chaise. Alors que je suis en train de sceller ma décision et de fixer le pic Gourdon comme objectif, le conjoint d’Estelle apparaît dans le séjour avec un grand sourire. Nous nous présentons et nous installons tous les trois autour de la grande table. Dehors, une grosse averse tombe. L’orage commence à gronder. J’ai peu de souvenirs d’orages dans les Pyrénées mais ce sont toujours des orages spectaculaires. Je sors, la vapote à la main pour tenter de photographier un éclair. Ça fait des années que je n’ai pas eu l’occasion de prendre un éclair en photo. Face aux rangs de framboisiers, je me délecte de ce spectacle. Mais j’ai pris la bonne décision en venant ici. Une fois l’averse et l’orage terminés, j’annonce à Estelle et son conjoint que je pars manger sur Peyragudes. Je réitère que s’ils souhaitent m’accompagner, ce sera avec plaisir. Il me faut de longues minutes avant de retrouver le nom de La Terrasse et Estelle se propose de nous y conduire.

Pendant que nous savourons nos burgers et nos pressions, le jour se couche sur Peyragudes. Je pense à demain. A cette heure là, si tout se déroule comme prévu, je serai sous une tente à 2889 mètres d’altitude. C’est flippant. Excitant mais flippant. De retour à la maison, j’accepte une tisane et vais me coucher. Je partirai très tôt demain. Je remercie mes hôtes pour leur gentillesse et pour cette belle soirée avant de regagner ma chambre. J’ai du mal à m’endormir. Je pianote sur mon téléphone. J’ai sommeil, mais j’appréhende que tout ne se passe pas comme prévu. La météo peut être imprévisible et si j’avais vécu un tel orage sous ma tente, je n’aurais pas dormi de la nuit.
5h30, mon réveil m’arrache à ma nuit. Finalement, j’ai très bien dormi. Je saute du lit et fonce sous la douche spacieuse. Régis, le gardien du Portillon, a répondu à mon message. Je suis le bienvenu au refuge. Je ne regrette cependant pas d’avoir passé la nuit au chaud, à Loudervielle, mais j’ai au moins une option pour ce soir si le temps devait se dégrader.
6h30, j’arrive sur le parking des Granges d’Astau. Je sors ma poche de Pitch et mon Pago orange du coffre de la voiture. Le jour commence à se lever. Je peux laisser la frontale dans mon sac. Mon sac, c’est toujours ma plus grosse difficulté. Il pèse 12 kilos. Cette année, il y a une tente et un sac de couchage, une ou deux rechanges, deux litre d’eau, un drone, de la bouffe, une lampe à suspendre pour faire une belle photo de la tente et mon pied d’appareil photo qui servira pour mon téléphone. C’est la première fois que je pars sans appareil photo mais le sac est déjà trop lourd et trop plein.
6h50, Me voilà lancé sur le chemin du lac d’Oô, première halte de la randonnée. Mais après cinq minutes, est ce que j’ai bien mis mon frein à main ? Chaque jour c’est la même chose. Demi tour.
6h55, Oui j’avais bien mis mon frein à main. Mais après dix minutes de marche, je réalise que mes lunettes de Soleil sont restées dans la voiture. Tant pis, je ne vais pas passer mon temps à faire demi tour. Je continue. Le jour levé ne laisse pas apparaître le moindre nuage. Non mais quelle idée d’aller là haut sans lunettes de Soleil ? Je vois trois hommes derrière moi. N’osant pas faire demi tour devant eux, je fais semblant d’observer la vallée en attendant qu’ils passent. Je pose mon sac derrière un rocher et je redescends à la hâte jusqu’à ma voiture. Mes lunettes sont dans le coffre.
7h22, Me voilà définitivement lancé sur le chemin du lac d’Oô. Je retrouve mon sac et y accroche mon sweat. Je commence déjà à avoir chaud. Je connais l’itinéraire comme ma poche, mais pour la première fois, je trouve la montée difficile. Soit je suis parti trop vite, soit je ne suis pas en forme. Mais comme je transpire déjà, il y a des chances que je sois en sur-régime. Je ralentis. D’autant que le poids de mon sac va être un gros handicap. Mais les choses que certains ne jugeraient pas indispensables, le sont pour moi. J’ai besoin de la garantie de faire les meilleures photos possibles.
La montée jusqu’au lac d’Oô se fait essentiellement au milieu des arbres et ne permet que rarement d’avoir de jolis points de vue. J’arrive après une heure de marche. Je ne compte plus le nombre de fois que j’ai eu la chance de voir ce lac. A chaque fois, j’ai le souffle coupé. Mais je n’ai jamais vraiment le temps de m’éterniser ici. Nul doute que Oô est l’un des plus beaux lacs des Pyrénées. Facile et rapide d’accès, il est aussi l’un des plus visités.

Je prends maintenant la direction du lac d’Espingo. Je croise un groupe de quatre randonneurs en redescendant du lac d’Oô. S’ils montent jusqu’à Espingo j’essaierai de me caler sur le même rythme. Je suis particulièrement lent aujourd’hui. Ceci dit, cherchant seulement à atteindre la tusse de Montarqué, rien ne presse. Les 4 randonneurs ne vont pas à Espingo, ils suivent le GR10 et nos chemins se séparent entre Oô et Espingo. Je les accompagne jusqu’au barrage du lac d’Oô qui offre un point de vue magnifique sur le lac et sa cascade, et je continue ma route seul vers le lac d’Espingo que j’atteindrai après un peu plus d’une heure de marche. Quand je viens ici, je ne descend jamais jusqu’au lac. Le détour est trop grand. Mais comme j’ai toute la journée devant moi, je vais tout de même jusqu’au refuge où je commande un Coca. La vallée est déserte mais six jeunes sont en train de finir de prendre le petit déjeuner sur la terrasse du refuge. Un garçon et une fille qui sont les gardiens, et quatre autres filles qui vont monter jusqu’au lac du Portillon.

Je reprends la route en direction du lac Saussat, qui se trouve à quelques centaines de mètres à peine d’Espingo.

Pendant que je fais des photos du lac, je vois l’une des quatre filles du refuge qui arrive. Deux autres sont un peu plus loin, et la dernière est à la traîne. Chacune des pauses me fait du bien. Je me débarrasse systématiquement de mon sac à dos. La prochaine étape est le lac du Portillon à coté du refuge Jean Arlaud. Le Soleil est magnifique et je sais que je ne réitérerai pas aujourd’hui la mauvaise expérience de 2018. C’était la première fois que j’allais au-delà du lac Saussat sur ce parcours. J’espère aller bien plus loin sur les deux journées à venir. J’entends la fille de tête qui me rattrape. Elle semble avoir calé son rythme sur le mien, et comme ce sont certainement les quatre dernières personnes que je croiserai avant le Portillon, je suis plutôt content de ne pas faire l’ascension seul. J’arrive au pont de la Coume de L’abesque qui est un tout petit lac sans grand intérêt au dessus de Saussat. Il est surtout le point de départ des complications. A partir de maintenant, l’ascension va réellement commencer avec des passages plus exposés et plus délicats. Je me souviens d’un de ces passages qui m’avait fait faire demi tour en 2018. Mais incapable de me résigner, j’avais finalement fait le choix de le franchir sous la pluie et sous le vent. Je décide de faire une pause à la sortie du pont de la Coume. La fille numéro un qui n’est pas loin derrière décide également de faire une pause. Alors que nous observons ses amies qui approchent, nous commençons à discuter. Elles sont toutes les quatre des amies de la gardienne du refuge d’Espingo qui est là pour la première année. L’occasion pour elles de profiter des Pyrénées. Nous regardons la carte IGN pour voir quel est ce pic qui se dresse droit devant nous. C’est les Spijeoles, un de ceux dont j’aurais voulu tenter l’ascension si j’avais pu profiter de trois jours de beau temps.
Alors que le groupe de quatre vient de se reformer, je décide de reprendre la route. Plus on monte, plus les sentiers sont constitués de gros rochers et de résiduels d’éboulis. La végétation se raréfie, Je suis à présent à flanc de montagne, sur un chemin constitué de lacets. Je m’y étais perdu en 2018, en suivant des cairns (amas de cailloux disposés par les randonneurs pour baliser l’itinéraire) mal placés. Ça y est, me voilà devant le passage qui m’avait presque fait renoncer en 2018 : « J’étudie toutes les solutions. Ici, le sentier est coupé sur deux mètres. Un rocher, deux ou trois prises, mouillées qui plus est, et en bas, le vide. Mon pied ou ma main glisse, je suis mort. Par beau temps à la limite, mais là, ça ne sert à rien d’insister, je ne le sens pas. »

J’ai un léger haut le cœur en reconnaissant ce passage. Mais c’était il y a quatre ans. Il pleuvait. Aujourd’hui, même si je ne suis pas en confiance, je ne ressens pas d’appréhension. C’est surtout le poids du sac qui peut m’entraîner en bas au moindre faux pas. Je réfléchis tout de même un instant avant de me lancer et je continue ma route. Ce passage en particulier m’avait tellement marqué que j’en avais oublié que d’autres n’étaient pas plus évidents. A la sortie d’un lacet, je repère des cairns qui mènent tout droit. C’est ceux que j’avais suivis en 2018, sans me rendre compte que je quittais le sentier. Je ne me ferai pas avoir une seconde fois. Aujourd’hui, il me parait évident que d’autres s’y sont perdus. J’envisage un instant d’attendre les filles afin d’être sûr qu’elles ne fassent pas la même erreur, mais elle me voient marcher au dessus d’elles, elles ne pourront pas se perdre.
Encore deux ou trois lacets et je m’arrête. Je n’en peux plus. J’ai besoin de poser mon sac, de boire et de manger une barre de céréales. La vue sur Saussat et Espingo est magnifique. J’observe les filles qui sont de nouveau éparpillées. Dans le même ordre qu’à Saussat. Je dis à la première que je n’en peux plus. Elle rigole et continue sa route. Visiblement cette ascension est facile. Quelques minutes plus tard, je dis aux numéros deux et trois que je n’en peux plus. Elle me répondent que oui c’est dur, avant de continuer leur ascension. Quelques minutes plus tard, je dis à la numéro quatre que je n’en peux plus. Elle non plus. Désolé pour elle, mais soulagé de partager un instant de compassion, je me relance juste devant, et nous finissons par arriver sur l’immense replat qui mène au portillon.

Au loin, je vois le barrage et le refuge. Je me souviens que la traversée du replat est longue mais facile. Impossible de se perdre ici. Je rattrape les numéros deux et trois. Numéro un est en train de grimper la dernière paroi sous le refuge. Je garde le souvenir d’un passage d’escalade un peu compliqué. Mais en 2018, il y avait de la neige et plongé au coeur d’un brouillard épais, je ne voyais rien. Oui, il faut s’aider des mains mais il n’y a finalement pas la moindre difficulté. Je rejoins numéro un en face du refuge. Je tente de repérer la Tusse de Montarqué, mais je ne suis pas sûr de moi. Je fais quelques pas sur le barrage du lac du Portillon. En 2018, j’étais juste venu le voir, faire un selfie sous la pluie. Histoire de. C’était un lac banal à la couleur terne. Aujourd’hui, sous le Soleil, le lac du Portillon est d’un bleu turquoise somptueux.

Je rentre dans le refuge et enfile une paire de crocs. Une gardienne m’accueille. Je demande un coca. Elle me dit que Régis n’est pas là, qu’il sera de retour demain. Le refuge est gardé par deux femmes et Régis. A l’extérieur, alors que les quatre filles se sont installées pour le pique nique, je m’assoie à la table d’à coté. Nous échangeons quelques mots, tandis qu’une femme s’installe à ma table. C’est la mère d’une des deux gardiennes. Je trouve courageux d’être monté jusqu’ici pour rendre visite à sa fille, mais je comprends vite que ce n’est pas la principale raison de sa présence ici. Elle vient juste de faire l’ascension du pic Royo, 3122m et du pic des Crabioules, 3116m. Elle voulait finir avec le pic Perdiguère, 3222m. Je lui dis que je suis impressionné, qu’ayant le vertige, je ne suis même pas certain d’arriver à passer le cap des 3000 mètres. Elle aimerait bien, non pas avoir le vertige, mais être un peu plus consciente des dangers. Elle aime galoper sur les arêtes sommitales sans se soucier du vide. Je l’envie. Je regarde souvent ces vidéos où l’on voit des hommes ou des femmes courir sur les sommets sans se soucier de ce qu’il y a en bas.
Il est encore tôt. 14h peut-être. Mais je songe déjà à la Tusse. Ça fait déjà quatre ans que j’ai cet objectif en ligne de mire, il est temps de se lancer. Afin de ne pas me planter une énième fois, je demande à l’une des deux gardiennes l’itinéraire de la Tusse. Nous faisons le tour du refuge et elle me montre toutes les étapes de l’ascension. C’est haut, mais si j’avance bien, j’y serai dans une petite heure. Elle me dit que si la météo se dégrade, je ne dois pas hésiter à revenir passer la nuit au refuge. Après avoir salué tout le monde, me voilà enfin parti pour l’ascension de la Tusse. C’est plutôt facile au départ. Il n’y a pas de passage exposé. La traversée d’un petit barrage étroit me met la boule au ventre. Je n’ai pas le sens de l’équilibre. Je suis au ralenti. Depuis 7 heures ce matin, je n’en vois pas le bout. J’étais déjà à la peine pour arriver jusqu’au lac d’Oô, il est temps que je pose ma tente. Encore une heure de grimpette et je pourrai me reposer jusqu’à demain. Erreur d’itinéraire ou manque d’informations, je me retrouve contraint d’escalader de nombreux rochers pour faire évoluer ma progression. Ce n’est pas ce que j’avais lu dans un topo trouvé sur le net. Je n’avais pas lu qu’il fallait s’aider des mains pour escalader la Tusse. Toujours le même problème du sac à dos. Sans ça, j’évoluerais deux fois plus vite. Je ne vois pas comment j’aurais pu me hisser jusqu’au sommet en une heure. L’heure est déjà passée depuis un moment, et à vue d’oeil, je n’ai pas encore fait la moitié de mon ascension. Je laisse les rochers derrière mois pour entamer une montée raide en lacets, au milieu de gravillons. Je vois de nouveau des cairns, ce qui me conforte dans l’idée qu’il y avait peut-être un itinéraire plus facile.
Les gravillons. C’est le terrain que j’aime le moins en montagne. Je glisse facilement et je dois m’assurer de poser mes pieds sur des pierres bien fixées au sol. Mais elles se font rares. Je me retourne pour regarder le vide derrière moi. Je n’aurais pas dû. Les pieds ancrés au sol, une boule commence à me taquiner le ventre. J’ai dans la tête que n’importe quel pas peut me faire glisser. Ça s’est produit en 2016, lors de l’ascension du Néouvielle. Sur des gravillons. Je n’ai pas travaillé ces six dernières années pour laisser de nouveau de telles sensations m’anéantir. Non. Je me remets droit afin d’aller m’asseoir sur un rocher à quelques mètres de là. J’ai le temps d’une pause. Je dois analyser la situation. Regarder en bas. Me réhabituer au vide. Je me monte rapidement la tête mais non, il n’y a pas de raison. Oui mes pieds vont glisser, c’est pas pour autant que l’on retrouvera ma dépouille au pied de la Tusse. La pente est certes raide mais je ne suis pas sur une falaise. Si je glisse, ce sera de quelques centimètres tout au plus.
J’entends des voix qui me font lever la tête. Un groupe de randonneurs entame la descente de la Tusse. Ils sont trois hommes et deux femmes au sommet d’une petite cheminée. Le premier homme à descendre met du temps. Il commente en direct les difficultés qu’il rencontre. Il dit aux autres d’y aller doucement et de faire bien attention. C’est typiquement le genre de discours qui pourrait me faire flipper. Mais non. J’écoute. Ses conseils me seront peut être utiles et je suis rassuré de voir que je ne suis pas le seul en difficulté. Les hommes descendent l’un après l’autre et récupèrent les sacs des femmes pour leur ôter cette difficulté. Je ne les croiserai pas. Il semble qu’ils n’aillent pas vers le refuge et qu’ils prennent un itinéraire leur permettant de le contourner.
Je me lève. Il est temps d’en finir putain ! J’ai pris la confiance. Je mets un pied devant l’autre sans chercher les pierres. Je glisse souvent, mais j’avais raison, toujours de quelques centimètres à peine. Je progresse deux fois plus rapidement qu’avant ma pause et j’arrive au pied de la petite cheminée sans encombre. Il faut effectivement escalader mais les prises sont nombreuses et sans danger. Et hop, me voilà au sommet de la vaste plaine à 2889 mètres d’altitude qui hante mes rêves depuis quatre ans maintenant.

J’ai mis plus de deux heures pour monter mais ça en valait la peine. Tout autour, des pics de plus de 3000 mètres. C’est sublime. Je repère enfin le pic Gourdon dont j’attaquerai l’ascension au lever du jour. En attendant il est temps de planter ma tente. Il y a deux aires de bivouac sur la Tusse. Chacune entourée de pierres. Je choisis celle où les pierres sont les plus hautes. S’il y a du vent, ça pourrait bien me protéger. Je traverse la Tusse pour rejoindre mon aire de bivouac et j’attrape ma tente que je vais monter pour la première fois. C’est une tente sarcophage une place. Le plus dur est de comprendre la notice. Le reste se fait comme sur des roulettes. Sous un Soleil torride, je décide d’enlever mon sweat afin de le laisser sécher sur les rochers. Il me faudra tout de même trente minutes pour finir de monter ma tente.

Satisfait, je me promène sur la Tusse depuis laquelle je repère le lac du Portillon. De l’autre côté, je découvre également le lac Glacé pour la première fois. Je suis émerveillé. C’est un spot rêvé pour passer la nuit. Je me sens très privilégié.

Je décide d’aller tester le confort de ma tente. Je ne m’attends pas au confort d’une nuit d’hôtel mais là, ça ne va clairement pas le faire. Le point central est le plus élevé. Peu importe de quel côté je dors, j’aurai la tête en bas et le dos surélevé. C’est insupportable. Je vais examiner la deuxième aire de bivouac et je décide de déplacer ma tente.

Cette nouvelle aire ne donne pas le même sentiment de sécurité mais la tente est très confortable. Je reste assis un moment à regarder tout autour et je décide de faire voler mon drone. Les nuages arrivent. Ils sont nombreux et finissent même par recouvrir la Tusse. Me connaissant, je ne serais pas étonné de passer la nuit sous la pluie. Je songe un instant à regagner le refuge mais j’ai trop rêvé de ce moment pour remballer mes affaires. J’y suis j’y reste ! La météo prévoyait une nuit claire, sans nuage. Je ne désespère pas.
Au beau milieu des nuages, il n’y a plus rien à voir. Il est 20 heures, je vais me coucher. Entre excitation et appréhension, j’aurai du mal à trouver le sommeil. Et j’y pense, si j’ai déjà repéré le pic Gourdon, j’ai oublié de regarder l’itinéraire depuis la Tusse. Je me relève. Toujours au beau milieu des nuages, il est clair que je ne vais pas voir grand chose. Je repère le point de départ juste à côté de la première aire de bivouac. Je vois les cinquante premiers mètres, pour le reste ça sera la surprise. Je retourne dans mon sac de couchage. Toutes les quinze minutes, j’ouvre la fermeture éclair de ma tente pour voir si les nuages sont toujours là. Oui. La nuit est en train de tomber. J’ouvre une dernière fois. La température aussi est tombée. Par contre, les nuages semblent s’être dissipés.

Si les nuages se sont dissipés, c’est certainement parce que le vent vient d’arriver sur la Tusse. Rien de méchant pour l’instant mais je vais avoir du mal à m’endormir. Je tourne en rond. Je suis attentif au moindre bruit. Des chutes de roches vers le Portillon et un orage lointain dont le bruit se déplace tout le long de la vallée. Ces sons fascinants font prendre conscience de la petitesse de l’être humain. Nous ne sommes rien face à la Montagne. Il est minuit. J’ai envie de pisser. Je sors de la tente. Je suis en boxer. Il fait trop froid. Je me remets dans mon sac de couchage. J’ai toujours envie de pisser. Si j’ouvre le sac de couchage par le bas, je pourrai m’en servir comme d’une robe afin de libérer mes jambes. Je fais ça et je quitte de nouveau la tente. Les nuages ont disparu et le ciel est magnifique. C’est toujours un spectacle magnifique que d’observer la voie lactée dans les Pyrénées. Il faut impérativement que je profite de cette occasion unique pour tester le mode astrophotographie de mon Google Pixel 6 pro.



Le résultat est saisissant. Je prends une dizaine de photos. Voilà pourquoi j’ai embarqué le pied de mon appareil. Chaque photo capte la lumière pendant quatre minutes pour arriver à ce résultat. Après presque une heure d’observation des étoiles, il est temps de dormir. Mon réveil sonnera à 6h30 demain et il est déjà une heure du matin. Je m’endors. Il est 2 heures quand le vent me réveille. Pas un simple coup de vent mais des bourrasques impressionnantes qui me laissent penser que ma tente pourrait s’envoler avec moi à l’intérieur. Je suis effrayé. Ma tente bouge dans tous les sens et mon corps ressent chaque secousse. J’entends toujours l’orage qui semble se rapprocher au fil des heures. Je me dis pour la première fois que l’ascension du Gourdon est compromise. Je n’ai pas de réseau depuis le lac Saussat et je n’ai pas connaissance de la météo en temps réel.
Je suis secoué pendant plus de deux heures. Le vent s’est-il arrêté ? Le sommeil a-t-il eu raison de moi ? Je suis réveillé à 6h30 par mon téléphone. Le vent s’est bien arrêté de souffler. Je me dépêche d’ouvrir ma tente. Le jour commence à se lever. Les nuages sont revenus. Pas les nuages blancs de la veille. Des nuages gris qui n’augurent rien de bon. Je m’habille et rejoins l’accès qui mène vers le pic Gourdon. Je distingue l’itinéraire qui mène au pic. Il faut compter deux heures depuis la Tusse. Mais le temps semble très mauvais. Je ne vais quand même pas devoir laisser tomber l’ascension du 3000. Je suis venu pour ça. Pour enfin le cocher dans ma bucket list. Afin d’alléger considérablement mon sac, j’avais prévu de laisser ma tente et mon sac de couchage sur la Tusse. Avec la nuit que je viens de passer, elle a l’air solidement ancrée. Mon sac léger sur les épaules, je traverse de nouveau la Tusse pour rejoindre le point de départ. Le vent se lève de nouveau et les nuages semblent avoir élu domicile entre mon bivouac et le pic Gourdon. Je ne veux pas revivre une randonnée similaire à celle de 2018. Un vent qui bastonne en pleine ascension d’un pic, une pluie qui ruisselle sur la roche, le ciel annonce un scénario catastrophe. Je dois me fier à mon intuition. S’il ne pleut pas encore, je sens que ça finira par tomber. Demi tour. Dépité, je charge la tente dans mon sac pour regagner le Portillon. Je prendrai le petit déjeuner là bas. Si on me fait le même chocolat chaud qu’en 2018, ça sera toujours ça de gagné.
La petite cheminée se descend facilement. En revanche, les gravillons et le dénivelé descendant, il n’y a pas plus casse gueule. J’ai beau faire attention, j’ai le cul qui heurte le sol à plusieurs reprises. Le choc est atténué par mon sac qui touche systématiquement les gravillons le premier. Je retrouve rapidement les rochers que j’avais escaladé la veille. Toujours sans savoir si je suis sur le bon parcours je continue la descente sur les mêmes rochers que pour la montée. Vue plongeante sur le refuge Jean Arlaud, j’entends un hélicoptère. Il vient ravitailler le refuge. Je fais une pause pour admirer le spectacle. L’énorme sac carré de ravitaillement est suspendu à une corde. Avec une grande précision, l’hélicoptère le dépose sur la terrasse du refuge et touche terre entre le lac du Portillon et le refuge. Je pense qu’il vient de déposer Régis. Il décolle à nouveau et revient au dessus de la terrasse. L’homme qui vient de descendre accroche la corde à un nouveau carré contenant probablement les déchets du refuge. L’hélico repart et s’enfonce dans la vallée.
Je reprends ma descente et arrive au refuge à 10 heures. L’une des deux gardiennes est sur la terrasse, en train d’éplucher des carottes avec sa mère. Elles m’en proposent une ou deux en riant. Je rentre dans le refuge et retrouve Régis et la gardienne qui m’avait indiqué la direction de la Tusse la veille. Elle me demande comment ça s’est passé. Je lui dis qu’avec le vent, je n’étais pas tranquille, que j’ai du renoncer au Gourdon parce que je craignais le mauvais temps. Elle me dit que j’ai eu raison, qu’effectivement ça va se gâter dans l’après-midi mais que les nuages laissent présager que ça pourrait se gâter plus tôt. Elle me sert un petit déjeuner à l’intérieur du refuge. Pain, confiture, beurre, céréales, chocolat chaud. Je me jette sur ce dernier. C’est la même recette qu’en 2018. Je me régale.
Rassasié, je rejoins tout le monde sur la terrasse. On commence à discuter. La Tusse de Montarqué, la voie lactée, tout le monde veut voir mes photos. La mère me parle d’ascensions, de constellations, d’aurores boréales. Je rentre volontiers dans la conversation sans penser au temps qui défile. Je pourrais rester là des heures. Après avoir ressenti une grande solitude au sommet de la Tusse, je me réjouis de pouvoir partager quelques instants avec l’équipe du refuge. Mais voulant à tout prix éviter une météo chaotique, je suis obligé de partir. Le coeur lourd, je salue tout le monde et me dirige vers le vaste replat en dessous du refuge.

Je rumine. Et si finalement il ne pleuvait pas ? Et s’il n’y avait pas d’orage ? Ai-je bien eu raison de ne pas tenter l’ascension du Gourdon ? Je descends vite. J’ai pris un peu d’assurance depuis hier. Arrivé au lac de la Coume de l’Abesque, les premières gouttes de pluie me tombent dessus. Je lève la tête, les nuages sont noirs. Je croise un randonneur à la sortie du pont de la Coume. Nous discutons un moment. Il monte au Portillon. Je lui dis qu’il va pleuvoir. Il en a aussi l’impression. Ce n’est pas raisonnable de monter plus haut, il décide de rebrousser chemin et de repartir vers Espingo. Alors que nous sommes en pleine conversation, une averse nous tombe dessus. Je pose mon sac à dos pour le recouvrir d’une poche d’étanchéité pendant que le randonneur sort un vêtement de pluie de son sac. Nous partons à la hâte vers le refuge alors que l’orage gronde à son tour. Une heure de conversation au refuge du Portillon et me voilà livré aux intempéries. Je suis content de ne pas vivre ça seul.
Dès lors qu’il se met à pleuvoir, l’eau commence à ruisseler sur les sentiers et ça devient extrêmement compliqué de garder les pieds au sec. J’ai le cul par terre. Je viens de glisser sur un rocher. Le randonneur me demande si ça va. Trempé de la tête aux pied, je fais beaucoup moins attention. J’ai envie de me mettre à l’abri. Le tonnerre, impressionnant, raisonne dans toute la vallée. J’ai le cul par terre. Je laisse passer le randonneur devant moi. Pourquoi lui ne tombe pas alors qu’il avance au même rythme ? J’ai le cul par terre. Décidément. Cette fois il ne m’a pas vu. Par contre, en dérapant, ma cheville a tapé contre un rocher. Je me retiens de hurler. Je ne sais pas comment lui marche mais il m’envoie des éclats de boue à chaque fois qu’il lève un pied. Je le laisse prendre un peu d’avance. Alors que nous entamons la montée pour rejoindre le refuge d’Espingo, un déluge s’abat sur nous. Nous courons. J’ai le cul par terre. Ça arrive. A l’intérieur du refuge, les six jeunes d’hier bien à l’abri. Un couple et leur fils d’une vingtaine d’année ainsi qu’un autre couple de personnes âgées ont été surpris par la pluie. J’observe l’orage depuis la fenêtre. Dès qu’il s’arrête de pleuvoir, je file. la pluie en montagne me donne toujours envie de rentrer plus vite.


Il ne pleut plus. Je salue tout le monde et me dirige vers l’entrée du refuge. J’enfile mes chaussures trempées et je prends la direction du lac d’Oô. Si la pluie s’est atténuée, l’orage continue de gronder. La roche est lisse et extrêmement glissante. La pente raide m’oblige à ralentir et à faire extrêmement attention. le chemin s’est transformé en rivière. L’eau est désormais difficilement évitable.
Je croise deux marcheurs qui montent vers Espingo. Probablement un père et son fils. Ils sont impatients d’arriver en haut. Je suis impatient d’arriver en bas. Je ne fais pas le détour pour monter au lac d’Oô. Pas aujourd’hui. C’est bon je l’ai déjà vu mille fois. Oui je suis blasé. Prochaine étape, le parking des Granges d’Astau. Je croise de nombreux randonneurs qui montent voir le lac d’Oô. Qu’est ce qu’il leur prend à tous de faire ça sous la flotte ? Je suis obligé de m’arrêter. Mon sac me fait extrêmement mal aux épaules. C’est insupportable. Il reste un dernier effort. J’aperçois enfin ma voiture. Je dépose mon sac dedans et sans prendre le temps de me changer, je vais au restaurant d’en face, le Mailh d’Astau. La pluie s’est arrêtée. Je demande s’il n’est pas trop tard pour un sandwiche et si je peux m’installer en terrasse. Le serveur attrape un torchon pour essuyer l’eau sur la table et sur ma chaise. Un coca, un sandwiche au jambon de pays et une crêpe au sucre. Ça ressemble enfin à des vacances. Je dresse le bilan. Il est le même qu’en 2018. La montagne n’a encore pas voulu de moi et déjà, l’envie d’aller chatouiller les 3000 se fait plus pressante que jamais. Je vais étudier ça mais il va falloir que ça se fasse en 2023…
