Cinéma

César 2023

mes coups de cœur et pronostics

Passionné de cinéma et fan de la cérémonie des César, je la regarde chaque année sans avoir vu le dixième des films nommés. Et comme pour n’importe quelle autre compétition, je me retrouve toujours à encourager mes favoris sans sans avoir vu les performances de leurs concurrents.

Lors de la 47ème cérémonie en 2022, dans la catégorie meilleur film, j’ai croisé les doigts pour Aline. Si j’avais vu Onoda, 10000 nuits dans la Jungle mon choix aurait été différent. Meilleur acteur, j’ai défendu Pierre Niney dans Boîte Noire. Je n’avais pas vu l’époustouflant Benoît Magimel dans De son vivant. Vous l’avez compris, mes choix n’ont jamais vraiment été objectifs

Depuis l’annonce des nominés pour la 48ème édition des César, je me suis fixé comme objectif de visionner l’intégralité des long métrages de fiction nommés. Aujourd’hui, après avoir vu des dizaines de films, je suis prêt à vous livrer, objectivement, tous mes coups de cœur et pronostics pour chaque catégorie.

On entend souvent que le cinéma français va mal, qu’on ne sait pas faire des films. Après avoir vu, avec beaucoup d’admiration, des dizaines de chefs d’œuvre, je peux dire qu’il n’en est rien et que nous savons, encore et toujours, produire de grands films.

Et le César du meilleur premier film est attribué à…

Il ne fait aucun doute que j’ai eu un énorme coup de cœur pour Saint Omer de Alice Diopp, et particulièrement pour son actrice, Guslagie Malanda, stoïque sur le banc des accusés.

Mais le César sera décerné au film Le sixième enfant de Léopold Legrand. Ce film, aux allures de thriller est porté par un casting impeccable. Au delà de la finesse de l’écriture, l’intelligence demeure dans le fait qu’il n’y a jamais le moindre jugement sur cette histoire surprenante d’un couple dans le besoin, avec cinq enfants, qui, apprenant une sixième grossesse, prend la décision de vendre ce bébé à venir, à un couple d’avocats qui ne parvient pas à avoir d’enfant.

Le César de la meilleure musique originale est attribué à…

Mon coup de cœur : Irène Drésel pour A plein temps. Irène Drésel a fait un travail fabuleux en composant une bande originale qui colle parfaitement à la dynamique du film. Le personnage, merveilleusement interprété par Laure Calamy est dans l’urgence du début à la fin du long métrage. On ne peut pas ne pas remarquer la musique qui renforce systématiquement ce sentiment d’urgence. Cependant, Irène Drésel n’obtiendra pas le trophée car la mélodie et la tonalité globales sont toujours similaires. On approche d’une certaine monotonie musicale.

Pour le film Coupez ! de Michel Hazanavicius, on peut dire, au contraire, que Alexandre Desplat est loin, très loin d’avoir créé une bande originale monotone. Personnellement, je n’adhère pas, mais techniquement on est proches de la perfection. Desplat pourra également compter sur sa notoriété pour décrocher la récompense.

Je souligne également les belles compositions pour La nuit du 12 et Les passagers de la nuit. Les autres, on oublie.

Le César des meilleurs effets visuel est attribué à…

Aucune idée ! Pour rester objectif, il faudrait avoir vu les cinq films nommés. Et dans cette catégorie, je le reconnais, je ne les ai pas tous vus. Ni Notre Dame brûle, ni Novembre, ni Pacifiction, tourment dans les îles ne m’ont éblouis par leurs effets visuel. N’ayant pas vu Les cinq Diables et Fumer fait tousser, je préfère m’abstenir. Bon allez, je vais mettre une pièce sur Novembre histoire de…

Le César du meilleur son est attribué à…

Cédric Deloche, Alexis Place Gwennolé Le Borgne et Marc Doisne pour Novembre…

Je précise que j’ai écouté tous les films au casque. Et dans Novembre, on ne peut pas passer à côté des effets sonores. L’immersion est totale et je n’ai aucun doute sur le fait que la récompense ira entre les mains de Cédric Deloche, Alexis Place Gwennolé Le Borgne et Marc Doisne. En revanche, je l’ai trouvé trop agressif pour ma part et j’ai eu un vrai coup de cœur pour les effets sonores de La nuit du 12. L’expérience est tout autant immersive et plus agréable.

Le César du meilleur montage est attribué à…

Laure Gardette pour Novembre. C’est aussi mon coup de coeur. C’est rythmé, agressif, des temps de pause moins ciselés nous permettent de reprendre notre respiration. L’étalonnage est parfait et c’est ce que je reproche essentiellement à L’innocent, nommé dans la même catégorie. La saturation me paraît excessive. Je me suis demandé si mon blu-ray n’avait pas un défaut (ce que j’envisage toujours).

Le César des meilleurs décors est attribué à…

Sébastien Vogler pour Pacifiction, tourment dans les îles. Ma préférence revient à nouveau à La nuit du 12, film aux décors plus minimalistes mais totalement sublimés par les éclairages. Ici c’est la mise en valeur qui l’emporte. Pacifiction reste un chef d’oeuvre visuel, et le contexte Tahiti vend du rêve aux spectateurs. Ce sont, à mon sens, (puisque je ne peux pas dire que j’ai vraiment apprécié le film) les décors très riches, la photographie et Magimel qui sauvent le film du naufrage.

Le César de la meilleure photographie est attribué à…

C’est la photographie qui sublime ou non les décors, et comme pour la catégorie précédente, je pense que le César ira à Artur Tort pour Pacifiction. En revanche, La nuit du 12 est ma grosse claque visuelle de cette 48ème cérémonie des César. Le chef op Patrick Ghiringhelli a fait un travail fabuleux sur les couleurs et les éclairages, offrant au film une atmosphère très singulière. Les séquences de nuit sont particulièrement sublimes.

Le César des meilleurs costumes est attribué à…

Gigi Lepage pour Simone, le Voyage du Siècle. Le film signé Olivier Dahan, pourrait bien repartir de cette cérémonie avec une récompense. Simone est l’une des grosses polémiques des César. Nommé uniquement pour les décors et les costumes, l’annonce des nominations a suscité beaucoup d’émoi sur les réseaux sociaux. Notamment avec l’absence d’Elsa Zylberstein dans la catégorie meilleure actrice.

La faute à Dahan qui ne lui a laissé aucune liberté visible, ce qui fait de sa prestation une imitation caricaturale de la politicienne. Outre le montage totalement râté, la prestation de Zylberstein, particulièrement sur les dernières années de Simone Veil, est un gâchis total. Il reste effectivement les décors et les costumes louables pour que le film décroche une récompense, d’autant que les films historiques sont souvent récompensés dans ces catégories.

Mon coup de coeur va à Emmanuelle Youchnovski qui a conçu de magnifiques costumes pour En attendant Bojangles. Les tenues de Romain Duris et Virginie Efira mettent les deux acteurs en lumière.

Le César de la meilleure adaptation est attribué à…

Gilles Marchand et Dominik Moll pour La nuit du 12. Il me semble que pour remettre le César dans cette catégorie, il faudrait avoir lu Une année à la PJ de Pauline Guéna (La nuit du 12), L’Infiltré d’Hubert Avoine et Emmanuel Fansten (Enquête sur un scandale d’État) et vu Ne coupez pas ! de Shin’ichirō Ueda (Coupez !). Evidemment, ce n’est pas mon cas, je suis donc parti sur la base du meilleur scénario entre les trois films nommés et je ne vous cache pas que mon coeur balance entre le fabuleux Coupez ! De Hazanavicius et La nuit du 12 de Moll. Le dernier retient encore une fois mon attention.

Le César du meilleur scénario original est attribué à…

Louis Garrel, Tanguy Viel et Naïla Guiguet pour L’Innocent. C’est également mon coup de coeur. Ce casse familial, est hilarant, émouvant et formidable d’inventivité. Le choix reste difficile quand on sait que l’Innocent est opposé au dynamique et efficace A plein temps, au fabuleux Saint Omer, à l’émouvant Les Amandiers et à En corps, qui n’a que peu retenu mon attention.

Le César du meilleur espoir masculin est attribué à…

Aliocha Reinert dans Petite nature. On ne peut pas rester insensible au jeu exceptionnel du jeune garçon qui à seulement 11ans, livre une prestation absolument incroyable. C’en est totalement incompréhensible, d’autant que le rôle de Johnny, jeune banlieusard en quête de repères, qui tombe amoureux de son instituteur, est un rôle extrêmement complexe. Vous l’aurez compris, c’est également mon coup de cœur. Mais face à l’impeccable Bastien Bouillon dans La nuit du 12, la partie n’est pas jouée.

Le César du meilleur espoir féminin est attribué à…

Nadia Tereszkiewicz dans Les Amandiers. Dès la première séquence du film, la partie est pliée. Alors qu’elle participe à un casting d’admission pour une école de théâtre, l’actrice se livre à 2000 % dans une prestation extraordinaire. Balançant entre colère, joie et inquiétudes, l’actrice s’est totalement imprégné du rôle de Stella.

Néanmoins, j’ai eu un coup de coeur monumental pour Guslagie Malanda qui interprète le rôle de Laurence Coly, accusée de la mort par noyade de son bébé de 15 mois. On assiste à son procès tout au long du film au sein duquel Malanda excelle dans son interprétation. Complètement stoïque, admettant sa culpabilité sans pour autant se remettre en question, la prestation est époustouflante.

Une petite mention pour Rebecca Marder qui livre une prestation magnifique pour le rôle de Irène dans Une jeune fille qui va bien.

Le César du meilleur acteur dans un second rôle est attribué à…

François Civil pour le rôle de Yann dans En corps. Loin d’être mon favori, je dois bien reconnaître que ce rôle de kiné un peu perché et pot de colle est extrêmement bien interprété par Civil. Bouli Lanners (La nuit du 12) et Micha Lescot (Les Amandiers) sont également de sérieux prétendants mais mon coup de cœur va pour Roschdy Zem pour le rôle hilarant de Michel Ferrand dans L’Innocent.

Le César de la meilleure actrice dans un second rôle est attribué à…

Noémie Merlant pour le rôle de Clémence dans L’Innocent. Si l’actrice livre une prestation époustouflante, drôle et émouvante, mon coup de cœur sera Anaïs Demoustier pour le rôle de Ines dans Novembre. C’est là une interprétation sans faute d’un personnage mélangé entre l’angoisse et l’inquiétude provoquées par les attentats. Demoustier, aux côtés de Jean Dujardin renforce le réalisme du film et contribue à l’immersion du spectateur.

Mais attention, Judith Chemla (Le sixième enfant), Anouk Grinberg (L’Innocent) et Lyna Khoudri (Novembre) sont toutes les trois des candidates très sérieuses.

Le César du meilleur acteur est attribué à…

Jean Dujardin pour le rôle de Fred dans Novembre. C’est là l’un des meilleurs rôles de Dujardin, qui fait encore une démonstration très réaliste de l’ampleur de son talent. Oscarisé en 2012 pour son rôle dans The Artist, l’acteur avait vu le trophée s’échapper dans les mains d’Omar Sy. Cette fois, il lui reviendra.

Attention à Benoît Magimel qui est annoncé comme favori dans Pacifiction, ainsi qu’à Denis Ménochet, mon coup de cœur dans l’exceptionnel Peter Von Kant de François Ozon.

Le César de la meilleure actrice est attribué à…

Virginie Efira pour le rôle de Mia dans Revoir Paris.

L’année 2022 du cinéma français est sans aucun doute l’année des actrices. Il a été très difficile pour moi de choisir mon coup de cœur dans cette catégorie puisque j’ai eu pas moins de 5 coups de cœur pour ces actrices extrêmement talentueuses.

Virginie Efira livre, comme à son habitude, une prestation hallucinante dans Revoir Paris. Cette femme, témoin des attentats du 13 novembre, revient à Paris trois mois après les évènement dans l’espoir de se souvenir de ce qu’il s’est passé.

Adèle Exarchopoulos est étonnante et impeccable pour son rôle dans Rien à foutre, Fanny Ardant est terriblement émouvante dans Les jeunes amants, et Laure Calamy très convaincante dans A plein temps.

Mais si je devais moi même distribuer le César de la meilleure actrice, je le remettrais à Juliette Binoche pour le rôle de Marianne Winckler dans Ouistreham. Au tournant de la cinquantaine, l’écrivaine Marianne Winckler s’immerge pendant un an dans le monde du travail intérimaire et précaire, en postulant puis travaillant à un poste de femme de ménage à bord des ferries faisant la liaison entre Ouistreham et Portsmouth.

Le César de la meilleure réalisation est attribué à…

Cédric Jimenez pour Novembre. Les candidats sont très sérieux dans cette catégorie. Mais, si j’ai préféré la réalisation de Dominik Moll dans La nuit du 12, Je pense que Novembre, non nommé au César du meilleur film, remportera la timbale.

Le César du meilleur film est attribué à…

L’Innocent de Louis Garrel.

Le César du meilleur film sera distribué aux producteurs. C’est à mon sens, la raison pour laquelle Novembre n’a pas été nommé dans cette catégorie. Certainement afin d’éviter une polémique autour d’un film rentable grâce aux attentats.

En corps et Pacifiction, tourment dans les îles n’ont pas retenu mon attention. Même si je leur reconnais tous deux de nombreuses qualités, je ne les vois pas remporter le trophée.

Les Amandiers, fort de son casting, de son écriture et de sa mise en scène, est un candidat très sérieux.

Mais le vrai candidat qui va s’opposer à L’Innocent pour l’attribution du César du meilleur film, c’est La Nuit du 12 de Dominik Moll. Mon favori. Le film devance L’Innocent sur de nombreux aspects techniques comme, la photographie, les décors, le montage et le son. C’est le scénario très inventif de L’Innocent qui devance d’une courte tête La nuit du 12.

Mais aucun doute, le César sera attribué à l’un des deux films.

Alors, à présent que je viens de distribuer 18 César, quelle note me donneriez vous sur 18 ?

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