2023·BLOG·Course à pied

Marathon des Villages 2023

Bonjour tout le monde. A l’heure où j’écris ces mots, je n’ai pas encore couru le marathon des Villages du Cap Ferret. Il se déroulera le 22 octobre 2023 et je suis en pleine prépa ! Tout ce que je peux dire pour l’instant, c’est que depuis les Villages 2022, où j’explosais mon objectif de quatre heures, j’ai des choses à vous raconter sur cette folle année 2023. Folle de désillusions, folle de tristesse, folle de joie, bref, une année comme je les aime ! Enfin, à moitié.

Aujourd’hui, je décide de me livrer sans ménagement. 2023 est une année mémorable et nul doute que j’en ressortirai marqué au fer rouge. C’est pourquoi j’ai décidé, sur le même sujet, de combiner deux articles très différents. Celui ci sera très personnel, abordant les trajectoires majoritairement descendantes de mon ascenseur émotionnel. On va survoler les échecs passés pour se pencher sur les instants douloureux. Et enfin, on va rebondir sur les objectifs à venir car plus que jamais, j’ai besoin d’une victoire. Il est très probable que 2024 commence sur une désillusion monumentale alors je dois finir cette année du bon pied.

Je n’ai rien écrit sur la course à pied depuis le marathon des Villages 2022. Je n’ai fait que deux courses en 2023. Elles ont toutes deux été des échecs dont je ne ferai aucune anatomie. Les deux se sont déroulées au mois de mars et sept mois plus tard, elles ne sont toujours pas digérées. Il faut dire que si j’ai certainement passé les plus belles vacances de ma vie au moins d’août, l’année 2023 aura été une année indigeste sur de nombreux plans.

Suite au marathon des Villages 2022, je me relance assez rapidement dans l’entraînement au sein de mon club, les Rapetou. Nous n’allons pas tarder à attaquer la prépa du semi Bazas-Langon, que je ferai pour la troisième année consécutive. En 2022, je le bouclais en 1h39 et 26 secondes. Après mes 3h37 au marathon du Cap Ferret, je me crois puissant, et envisager de terminer Bazas-Langon sous la barre des 1h35 me paraît très abordable. Le froid, comme la chaleur, n’est pas mon point fort et je néglige un peu cette prépa. Je fais peu de sorties, sept en novembre et en décembre, neuf en janvier, avec une seule sortie longue, onze sorties en février, pour enfin me lancer, le 5 mars à la poursuite de mon heure 35. Grossièrement, le Bazas Langon est un semi rapide qui monte pendant sept kilomètres pour finir par quatorze kilomètres de descente. Le finir en moins d’1h35 signifie courir à 4min29/30 au kilomètre.

J’ai surtout négligé ma prépa pour les côtes et je suis en difficulté dans toutes les côtes que je rencontre. Avec les Rapetou, nous sommes le club le plus représenté de ce semi et alors que je rame depuis cinq kilomètres, je suis rattrapé par Serge qui entend ma respiration. Il voit que j’ai du mal quand ça monte mais que je suis rapide en descente. Il me conseille de gérer mes côtes en me ménageant et d’y aller plus fort dans les descentes. Il a raison, je suis en train de me fatiguer pour rien. Je passe le reste du semi à me faire doubler dans les montées et à doubler dans les descentes. Ainsi, je règle mon pas sur le pas de Serge que je garde à portée de vue jusqu’à l’arrivée. S’il termine sa course 21 secondes devant moi, je termine la mienne en 1h35 et 36 putain de secondes.

Avec les Rapetou au départ du Bazas-Langon

Premier échec de l’année. Si je bats mon record de la distance semi, je garde une amertume qui me fait prendre une décision radicale. Je sais que je veux faire un marathon au premier semestre et j’ai envie de profiter de l’effet prépa du Bazas Langon pour préparer le marathon de Montauban qui aura lieu dans 21 jours, le 26 mars. Aucune certitude encore mais je continue de m’entraîner comme si j’allais à Montauban, malgré la douleur que je ressens au mollet gauche depuis ce semi. Quelques petites sorties, 2h30 le 11 mars, 1h50 le 20, une dernière sortie le 22 et je décide d’acheter mon dossard malgré la douleur persistante. Inscriptions closes. Je contacte les organisateurs, si je veux mon dossard, il faudra se pointer la veille. Je travaille le samedi 25, mes affaires sont dans la voiture, j’ai réservé hier à l’hôtel Kyriad à deux pas du départ. Je débauche à 16h et file à Montauban pied au plancher. Je récupère mon dossard, mes lots et me rend à l’hôtel. Étonnamment, je passe une bonne nuit.

Je me réveille tôt. De ce que j’ai lu, le marathon de Montauban est annoncé comme étant facile. Roulant, sans côte. Exactement ce qu’il me faut. Je sors de l’hôtel, il fait froid, et il flotte. La poisse. Courir sous la pluie ne me dérange pas, mais cette pluie est accompagnée d’un vent à décorner les bœufs. Mon objectif est clair : Passer sous les 3h30. Je m’élance donc sur cette course qui s’effectue en deux boucles. Je parviens à faire un premier semi rapide, sous les bases de 3’30, mais le parcours n’est pas du tout facile et ce putain de vent est un véritable frein, d’autant qu’il cogne de plus en plus fort et que les barrières métalliques tombent les unes après les autres. Le passage de la mi-parcours se fait sur une piste de cailloux. Mes pieds s’enfoncent, je perds du temps. Je sais que si je commence à ralentir, c’est fini. Je suis incapable de me relancer. La douleur au mollet revient et la gêne commence elle aussi à me ralentir. Alors qu’à l’entame du 26ème kilomètre, je n’ai fait aucun kilomètre au dessus des 5 minutes, je vois s’afficher sur ma montre : 5’10. Tenir ! Il va falloir tenir ! Kilomètre après kilomètre, me voyant ralentir, je comprends que c’est un échec. Le moral au plus bas, épuisé, je m’accroche à la seule idée de battre mon record personnel : 3’37’35. Allez ! Ca je peux encore le faire ! Je suis fatigué, la douleur s’amplifie, le vent aussi, et dans un effort surhumain, je termine le marathon de Montauban en 3’38’07. Sans plaisir.

Sur le parcours de Montauban

La désillusion est colossale. L’année est à peine commencée que je cumule déjà deux échecs. Pour zéro victoire.

Je reprends la course le 3 avril et décide, le 9 avril, de prendre un mois de repos. J’ai toujours en vue le marathon pour tous. C’est un marathon qui sera organisé pour les jeux de Paris 2024, le jour du marathon, sur le même parcours. Pour gagner son dossard, il faut cumuler des points en courant et participer à des challenges. J’en ai fait une priorité. Depuis 2020, je ne rêve que de ça, mais je sens que j’ai besoin de prendre du repos et de réorganiser mes priorités. Et si je suis accroché depuis 2020 à cet objectif, je dois me résoudre à accepter le fait que l’année 2024 commencera sur cette désillusion monumentale, sans dossard pour les Jeux de Paris.

Je reprends le 27 avril. Alors que je n’ai rien fait depuis quinze jours, la douleur au mollet est toujours là. Une veine paraît enflée. Je me rends chez mon généraliste le 9 mai. Le programme à venir : Echo doppler, ostéo, podologue. Je peux continuer de courir.

Je cours le 10 mai. J’ai trop mal. J’arrête. Le 14 mai, je me rends à Toulenne avec Aubin. C’est jour de cavale. La cavale des Rapetou est une course organisée par mon club, chaque année au mois de mai. La douleur me prive de course et en présence d’Aubin, je ne peux être bénévole. Frustré, je ne raterais pas cet évènement pour un Empire. Nous serons donc spectateurs. Je vois mon ostéo le 15 mai. J’en ressors essoré, mais d’un essorage bénéfique. Je reprends la course le 17. La douleur est déjà atténuée. Je reprends de façon régulière, et jour après jour, la douleur disparaît. Je me présente le 12 juin au centre de radiologie pour mon écho doppler. Evidemment, il ne montre rien. Le 19 juin, je rencontre mon nouveau podologue. Le rendez-vous va durer 1h45. J’ai amené mes nouvelles Asics Kayano 29. Analyses de posture, course et réflexes. Mon profil complet est établi. Je suis un terrien gauche avec de grosses inégalités au niveau des réflexes. Avec ces éléments, mon podologue parvient à dresser mon profil psychologique, mes points forts, mes faiblesses, ma sensibilité, mes émotions, ma vulnérabilité, ma dureté. C’est lunaire, totalement irrationnel. Depuis ma naissance, ma posture avait déjà écrit qui j’allais être, quels seraient mes canaux de communication, que je n’aurais pas le pardon facile. Je sors de cette séance bouleversé. Tout était vrai. Je pars avec de précieux conseils, mais surtout, j’ai compris que quoi que je fasse, je ne pourrai pas changer ma nature. Il est 20h30 quand je monte dans ma voiture. Je craque.

A présent, faisons un saut en arrière. Ca fait un moment que je saoule ma grand-mère. J’ai envie de passer un week-end à Sanguinet avec Aubin et mes grands parents. Agés, ils naviguent de moins en moins entre les maisons de Pessac et Sanguinet. Les nombreux rendez-vous médicaux se font à Pessac et ils ont moins de temps à accorder à la maison de Sanguinet. On arrive à se mettre d’accord pour le week-end du 9 juin. Je trépigne d’impatience. Je suis déjà allé en vacances à Sanguinet, mais c’est la première fois que j’ai cette envie tenace d’y passer un week-end. Je le ressens aujourd’hui comme une nécessité, alors que j’ai toujours été voir papi et mamie à Pessac.

Vendredi 9 juin : je quitte le travail à 16h et file chercher Aubin à Langon. Direction Sanguinet. On retrouve papi et mamie. Pépé et mémé pour Aubin. Ils sont ravis. Le temps de décharger les affaires, préparer les lits, mettre Aubin sous la douche, on passe à table. Mamie a fait la cuisine. Après le repas, on lit une histoire et Aubin part se coucher. J’aide mes grands parents à débarrasser la table, je sors discrètement pour vapoter. Même s’ils savent, je me cache encore. A mon retour, papi a retrouvé son fauteuil et mamie est installée sur le canapé. Comme l’été dernier, elle attendra que papi aille se coucher et nous entamerons une conversation interminable jusqu’à une ou deux heures du matin. Ce soir, la conversation prendra fin avant minuit. Ca tombe bien, je suis claqué.

Samedi 10 juin : Après le petit déjeuner, Aubin et moi nous engageons dans une longue promenade à la recherche d’un lavoir. Il fait une chaleur terrible. A notre retour, nous trouvons papi dehors, devant sa plancha. Merguez et saucisses au programme. Impossible de manger dehors, les moustiques on envahi Sanguinet. La chaleur grimpe dans la maison. Après la sieste et le gouter, nous partons à la plage. Nous ne sommes que le 10 juin mais la chaleur nous pousse à la baignade. Aucun touriste à l’horizon, nous sommes tranquille. « C », une amie de longue date, nous rejoint sur la plage. On s’est revus deux fois au mois de mai. Le courant avec Aubin est immédiat. C’est l’heure de la douche. Il faut trainer Aubin qui n’a pas du tout envie de partir. En arrivant à la maison, je trouve ma grand mère assise sur le canapé. Il fait 27 degrés, elle est sous son plaid. Alors que la chaleur me fait transpirer, le froid est en train de la faire frissonner. Je m’en amuse. Douche, saucisses, histoire, dodo. « C » va arriver chez mes grands parents. Je préviens mamie qui propose qu’on s’installe à l’intérieur. Non, il fait beaucoup trop chaud. Je la leur présente, et armés de Cinq sur cinq, nous partons tous les deux nous installer au fond du jardin. Je vois de temps en temps la tête d’une mamie curieuse qui dépasse de la vitre. Ca nous amuse.

Lavoir de Sanguinet

Dimanche 11 juin : Il est plus de 8 heures quand nous sortons de la chambre avec Aubin. La maison est déserte. Papi est probablement parti à la boulangerie à vélo. A 92 ans, il tient la forme. Mamie quant à elle, n’a pas encore dû se réveiller. Nous prenons le déjeuner. Mon grand père arrive avec le pain. Je pars sous la douche. Il doit être 10 heures quand mamie nous rejoint. Elle paraît fatiguée. Dans sa robe de chambre, elle s’assied sur le canapé. Avec Aubin, nous retrouvons « C » à la plage. Nous rentrons un peu après midi. Mamie n’a pas bougé. Elle est sous son plaid, elle frissonne encore. Nous passons à table pour manger les restes. Ma grand mère ne quitte pas le canapé. Elle ne mange pas. Je lui propose de lui amener quelque chose. D’accord pour une coupelle de fraises. Alors qu’Aubin est à la sieste, je m’installe sur le canapé, à côté de ma grand mère. Elle dort. Papi aussi. Je fais une grille de mots fléchés avant de m’endormir à mon tour. Au réveil d’Aubin, nous rangeons nos affaires, préparons nos sacs et décidons de partir après le gouter. Demain il y a école. Je me penche vers mamie pour l’embrasser. Elle ne se lèvera pas pour regarder la voiture partir. Et je n’ai pas compris qu’elle vient de m’embrasser pour la dernière fois.

Le mardi 13 juin, mon echo doppler n’ayant rien montré, je décide d’attaquer crescendo la préparation du marathon des Villages. Il me reste quatre mois et je vais pouvoir faire une belle préparation. Il ne me reste plus qu’à voir mon podologue qui me fera de nouvelles semelles pour corriger ma pronation. Mais si je cours tous les deux jours, cette semaine est très compliquée pour moi. J’ai une image qui me perturbe. Celle de ma grand-mère grelottant sur son canapé. Je n’arrive plus à me la sortir de la tête et je commence à envisager qu’elle pourrait être en train de nous quitter. Mais j’ai cette autre image du 9 juin : Aubin et papi sont couchés, nous sommes en train de discuter avec mamie qui me dit, « vous viendrez cet été. » Ce n’est pas une question. Depuis quelques temps, je me dis que nous irons à Sanguinet au mois d’août, mais seulement un week-end. Je n’ai pas envie d’y passer la semaine. Spontanément, je réponds à ma grand mère que nous viendrons une semaine au mois d’août. Elle sourit. Ce n’est pas le sourire d’une mamie qui est en train de partir.

Lundi 19 juin : Il est 16h30 quand je me gare à côté de la place Stalingrad à Bordeaux. Je suis très en avance pour mon rendez-vous chez le podologue qui n’est qu’à 18h20. Je reste un moment dans la voiture. Ca fait bientôt deux ans que je n’ai plus le moindre contact avec ma mère ou ma sœur. J’ai besoin de parler de ma grand-mère, j’appelle ma cousine. Espérant être rassuré, je lui raconte le week-end dernier et je lui dis que j’ai l’impression que mamie est en train de partir. Pas de chance, elle l’a vue hier, elle pense comme moi.

20h30 : Je craque. Cette lourde séance chez mon podologue m’a complètement retourné. J’ai compris qu’entre humains, nous ne nous comprenons pas parce que nous n’avons pas les mêmes canaux de communication. C’était peut-être une erreur ne couper les ponts avec ma mère et ma sœur, c’était peut-être une erreur de couper les ponts avec mon père en 2019. Je sais pas… Et mamie dans tout ça ? Elle ne m’en a jamais tenu rigueur. Je décide de l’appeler. Il faut avoir du temps devant soi quand on décide d’appeler ma grand-mère. On ne raccroche jamais avant qu’une heure soit passée. Cette fois, j’ai une grand mère épuisée qui raccroche après trois minutes de communication. Ca n’était jamais arrivé. J’ai la boule au ventre.

Je cours le 20 juin et je reçois un message de ma mère le 21. Presque deux ans que ça n’était pas arrivé. Je crains le pire. Ma grand mère vient d’être transportée à la clinique mutualiste de Pessac. Je cours le 22 juin. J’ai commencé à poser un voile sur mes émotions. Le 23, j’apprends que l’état de ma grand mère ne peut que se dégrader. Je comprends qu’elle ne sortira pas de la clinique. Le 24, je me rends avec Aubin dans sa maison de Pessac où je retrouve ma mère, ma sœur, mon grand père et mon cousin. Je conduis papi et mon cousin à la clinique. Je ne réalise pas. C’est une chose que je n’avais pas envisagée. Le 25 juin, nous passons une journée fabuleuse avec « C », au bord du Ciron. Le lundi 26 juin, je tiens à passer un moment en tête à tête avec mamie. Il n’y a pas la moindre interaction. Je lui dis des choses, je lui chante une chanson et je dépose un baiser sur son front. En sortant de la clinique, je cours vers l’avenue Fanning Lafontaine, juste à côté. Je retrouve ma maison d’étudiant, celle qui abritait mon appartement. J’ai besoin d’ancrage. A côté de la fenêtre de ma chambre, je m’adosse au mur, je m’effondre. Le voile tombe. Je pars manger chez mon grand père où je retrouve ma mère et ma sœur. Si certaines tensions sont palpables, ça me fait du bien de les retrouver.

27 juin 2023, 9h41 : Je suis au travail. Je reçois un message de ma mère : « Ta grand-mère est partie cette nuit »

Mamie

C’était attendu. Je pleure pendant un bon quart d’heure avant de remettre le voile. Je retrouverai toute ma famille dans la soirée. En attendant, je préfère rester au travail.

Le 28 juin, alors que je viens d’annuler ma soirée avec Etienne, je décide de me rendre seul sur les quais de Bordeaux. Sur la route, j’échange quelques messages avec « C ». Oui, j’ai envie de la voir. On se retrouve Place de la Bourse. Promenade sur les quais, verre en terrasse, pont de Pierre, grande roue, je passe une soirée exceptionnelle. A tel point que sans le voir venir, j’ai développé des sentiments autres qu’amicaux. Me voilà foutu. Je ne peux pas assumer ça et je décide, dans le plus grand silence, de prendre du recul. Ce genre de sentiment ne m’apporte que peu de bonheur et je ne veux pas souffrir plus. J’ai trop encaissé. J’ai pas la carrure.

Je cours 14km sur les quais de Bordeaux le 2 juillet. Je ne suis pas du tout dans la prépa de mon marathon. J’ai besoin d’évacuer. Prendre l’air, me changer les esprits. Le 5 juillet, je récupère mes nouvelles semelles avant de courir sur les quais. J’enchaîne quelques courses en pensant le moins possible à « C » et à mamie. Le 22 juillet, je décide de faire l’ascension du pic du Taillon, 3144m. Je passe une journée bouleversante durant laquelle toutes mes croyances sont remises en question. C’est une petite victoire qui ne me permet pas de cocher tous mes objectifs de la journée. Mais j’ai besoin d’en faire une victoire.

Le 30 juillet, Aubin arrive chez moi pour trois semaines. Après tout, je peux encore décaler ma prépa, on n’est plus à ça prêt. Rien de prévu pour les vacances. C’est pas un problème. J’attrape un carnet et je demande à Aubin de me dire tout ce qu’il veut faire pendant les vacances. Je m’engage à ne rien refuser. Voilà la liste :

  • Prendre le train
  • Aller au zoo
  • Manger à Mc Do
  • Aller au parc des Vergers
  • Aller à Youpi parc
  • Aller à Bordeaux
  • Rester à l’appart
  • Manger au restaurant
  • Aller au bois de la MAM
  • Jouer au ballon
  • Aller à Arcachon
  • Voir un feu d’artifice
  • Aller à la plage
  • Aller à la montagne
  • Visiter le musée Les Bassins des Lumières
  • Faire du vélo
  • Aller dans un parc d’attractions
Le lac d’Oô avec Aubin

Jour après jour, nous cochons toutes les cases et passons les plus belles vacances de nos vies. Du moins de la mienne. Entre Bordeaux, les Pyrénées et Sanguinet, nous roulons des heures. Et alors qu’une guerre est en train d’éclater avec sa mère, je suis, pendant trois semaines, l’homme le plus heureux du monde. Mais les belles choses ont toutes une fin. Et alors que je viens de me séparer de mon petit bonhomme, je prends la décision soudaine d’aller faire le pic des Spijeoles dans les Pyrénées. Mauvaise idée, c’est un nouvel échec, et un échec traumatisant en plus.

Maintenant, je dois absolument réussir ce marathon, cette prépa… Je reprends progressivement la course le 26 août. Le mercredi 30, je retrouve enfin les Rapetou pour les fractionnés. Je ne manquerai aucun mercredi jusqu’au marathon. Mais je passe une semaine sans courir. J’ai été malade tout le week-end. La guerre a éclaté avec la mère d’Aubin. J’ai mon caractère et je n’apprécie que modérément que l’on pisse sur mon territoire. En plus de ça, « C » m’ayant écrit, j’ai bien été obligé de lui expliquer les raisons de ma prise de distance. Elle a raison, c’était extrêmement égoïste de ma part. Fin des messages, je commence à sombrer. Aubin est avec moi, je passe une grande partie du weekend allongé. Crises d’angoisse, épuisement, je me surpasse pour emmener mon garçon à l’accrobranche le Dimanche.

Accrobranche

Le 17 septembre, nous fêtons l’anniversaire d’Aubin en famille, à Sanguinet. Alors ça sera comme ça maintenant les repas de famille à Sanguinet ? Sans mamie ? Whaow. Je n’y pensais plus. C’est complètement dingue. Le voile posé est d’une efficacité redoutable mais je subodore qu’il est sur le point de tomber. Moi qui ai commencé à fréquenter les Eglises depuis le pic du Taillon, j’implore dans le vide que le voile ne tombe qu’après le marathon.

J’ai commencé les longues distances le 8 septembre. Une fois par semaine. Les fractionnés le mercredi, et une séance entre le long et le frac et entre le frac et le long. Je dois respecter mon plan à la lettre. Pour éviter la moindre crise émotionnelle, je choisis de m’isoler et de ne plus boire la moindre goutte d’alcool. Ma vie sociale va se résumer au frac du mercredi, au boulot et à mes week-end avec Aubin. 1h30 le 8 septembre, frac le 13, 2h00 le 18, frac le 20, 2h30 le 23, frac le 27, 2h30 le 2 octobre. Je suis épuisé, je le ressens en permanence. En revanche, l’entrainement est payant et je suis confiant quant à ma capacité à tenir mon objectif de 3h30. Psychologiquement, je suis dévasté. Mon voile n’est pas opaque.

Je suis au cœur d’un cyclone émotionnel puissant. J’ai perdu beaucoup de monde. Des amis chers, « C », mamie ne reviendra pas et la mère de mon fils va me faire imploser. JE suis en grande partie LA cause du cyclone. Je ne peux m’empêcher de penser à mon podologue. Les gens ne se comprennent pas dans le conflit. Allo ? J’aimerais bien avoir un plus de monde sur mon canal. Je veux seulement faire un bon de dix ans en arrière. Pourquoi ça ne fonctionne pas ? Je rumine, je ressasse, je n’arrive pas à dormir, attention, le voile va tomber…

4 octobre : Je n’ai plus envie. Je suis éteint. Je me rends au frac. Je ne trouve pas mes jambes. 8x800m. Je n’arrive pas à suivre la cadence. Je n’en peux plus. Alors que je courais comme une gazelle il y a une semaine, ce soir, je me sens incapable. Ca m’agace, d’autant qu’autour de moi, mes collègues de club se rendent bien compte que quelque chose cloche. Jérémie, le président du club, fait la séance à mes côtés. Il ne dit rien à mon sujet, mais je vois bien qu’il sent que ça va pas. Nous nous retrouvons après la séance pour fêter trois anniversaires. Je prends une bière, je n’ai pas le souvenir d’avoir déjà été aussi éteint en étant réveillé. Beaucoup de mes collègues viennent vers moi. Nous parlons, nous rigolons beaucoup. Il est peut-être temps de lâcher du lest. Finalement, je vais prendre une deuxième bière. Tout d’un coup, je me sens bien, extrêmement bien. Je découvre ce soir, la cohésion de club. Je rentre riche de cette soirée. Mais ça ne suffit pas. Je fond en larmes sous la douche.

5 octobre : Je publie mes séances sur Instagram et je pense que Camille a compris que ça n’allait pas. Alors que je m’étais interdit le moindre écart, je m’incruste à une soirée Skyjo (jeu de société) chez Camille et Loulou. Je suis refait. Une bière. Non deux. Et j’en ai rien à foutre. Je récupère du moral, je relève la tête et je rentre riche de cette deuxième soirée.

7 octobre : Le marathon approche à grands pas et il est temps d’attaquer la diminution. Aujourd’hui, 2h au programme. Je quitte le travail à 16h et me rends au bois de Thouars. Pour faire pas loin de 25km. Je suis en forme et les arbres me protègent de la chaleur qui dure. Au 15ème km, je commence à ressentir une douleur au pied gauche. Je m’arrête boire au 20ème km. Je repars en boîtant. Ah bon ? Je n’y prête pas la moindre attention. Les douleurs sont courantes, elles vont, elles viennent. Si j’avais dû m’arrêter de courir à chaque douleur, je n’aurais jamais couru. J’arrive au bout de mes deux heures. Oui, je boîte. Ca ira mieux demain c’est certain.

Dimanche 8 octobre : Je me réveille. Je remue mon pied. La douleur est partie, comme prévu. Je me lève d’un coup, je dois aller faire des courses. Bordel, j’arrive à peine à poser le pied par terre. Côté extérieur, sous la cheville, la douleur est infecte. La pédale d’embrayage me tue à chaque fois que je change de vitesse. Dans l’après-midi, je vais retrouver Loulou et Willy à la palombière. 40 minutes de route, c’est insupportable. Loulou m’attend au bord de la route. Je me gare et le suis sur le chemin qui mène à la cabane. Impossible de le suivre. Une bière, deux bières, pas la moindre palombe à l’horizon, des punaises à foison.

Le lundi 9, je passe la journée à boîter. Le mardi 10, je passe la journée à boîter. Je ne sais plus quoi faire. Le marathon est dans 12 jours et je sens que je ne vais pas reprendre l’entraînement. Si je ne boîte plus, la douleur est toujours là. C’est un cauchemar. Le samedi 14 octobre, je profite du weekend avec Aubin pour tester de lui faire faire du vélo derrière moi qui cours. Petite allure bien sûr. Nous faisons deux kilomètres. La douleur est là quelque part. Elle se tient à distance, prête à ressurgir à tout moment. J’arrête tout. Si elle doit ressurgir, ça sera pendant le marathon. Le 16 octobre, je retourne à la palombière voir Loulou et Willy. Une bière, deux bières, pas une punaise à l’horizon, des palombes à foison. Alors que tous mes espoirs se sont envolés, je récupère ce que je peux de moral.

Petit footing avec Aubin

Nous sommes le 18 octobre. J’ai récupéré mon dossard. Il me manque plus d’une semaine d’entraînement et je refuse de revoir mes objectifs. Ca passe ou ça casse. Je me dirige droit vers le plus gros échec de l’année, droit dans le mur. J’écris ces mots, je remue mes pieds et j’entends la voix de cette petite douleur qui me dit : « à très vite ». Le marathon des Villages va être une partie de poker. Mon entraînement n’a répondu à aucune de mes exigences et j’implore dans le vide de retrouver une ou deux cartes dans mes poches pendant la course.

On m’a toujours perçu comme un extraverti. J’adore rire, faire rire, je n’ai jamais eu peur du ridicule et j’en ai fait une force. La vérité, c’est que cette face exposée en cache une plus sombre. Je suis mi extraverti, mi introverti et donc totalement ambiverti. Mais à l’extrême. L’introverti que je suis est absolument incapable de révéler ses émotions profondes.

Mais le 18 octobre, après la publication de la première partie, j’ai commencé à voir beaucoup de lumière. Si je vois le nombre d’allers et venues sur mon site, le nombre d’ouvertures de mes articles, je ne sais absolument pas qui me lit. J’ai parfois quelques commentaires sur les réseaux sociaux… Mais à partir de ce 18 octobre, j’ai commencé à recevoir de nombreux messages. Du soutien, des encouragements, des excuses, messages d’une bienveillance absolue. Des proches que je côtoie, des proches que je ne côtoie plus, des gens que je n’ai jamais côtoyé. Géraldine par exemple, était dans ma classe de première et terminale, après quelques mois de fac, nous ne nous sommes plus revus. Elle m’a envoyé un message totalement bouleversant qui m’a fait fondre en larmes. Cette année et cette prépa, (vous allez le découvrir) on fait de moi un être un peu sensible. Alors à tous, parce que je sais que vous allez lire cette partie 2, je vous dis merci du fond du cœur. Vos messages m’ont fait un bien fou, vous n’imaginez même pas. La lumière dans les abysses, c’est vous.

Je n’ai pas couru depuis le 7 octobre, deux kilomètres avec Aubin le 14. C’est tout. Je maintien mes exercices abdominaux que j’enchaîne avec des pompes, des squats et quelques jumping jacks, mais pas trop parce que j’ai toujours cette douleur à mon pied gauche qui est en train de me flinguer deux semaines d’entraînement. Malgré tout, si je ne me crois plus capable de courir ce marathon sous 3h30, je ne peux pas m’empêcher de garder espoir. Ca serait comme gagner à la loterie, en plus jouissif, et je refuse d’annuler ou de modifier cet objectif. Ca sera ça ou rien. J’ai toujours besoin de cette victoire pour terminer l’année du bon pied. C’était mon objectif numéro un après l’échec de mars à Montauban. Ca va le rester.

21 octobre : J-1. Je quitte le travail à 16h, direction Intersport, je fais mes provisions de gel pour la course. Le travail avait cet avantage de me tenir à l’écart du marathon. A présent que je suis dans ma voiture, je n’ai plus que ça en tête, boule de stress, barre sur la poitrine, vivement l’arrivée. Ce soir, c’est l’anniversaire d’Olivier. J’ai grave les boules de ne pas pouvoir aller à la soirée. Mais j’ai dit que je viendrai à 18h et que je partirai quand tout le monde prendra la direction du resto. Je suis en avance et l’agnostique que je suis n’a rien à perdre à se livrer à une petite expérience. Direction l’Eglise de Bouliac. Je m’assied sur une chaise au bord de l’allée, les coudes sur les cuisses, la tête entre les mains, les yeux fermés, je murmure quelques mots inaudibles. J’évoque mamie et le marathon. Je ne suis pas à l’aise de faire ça, c’est la première fois. Je ne respecte d’ailleurs aucune règle. Je reste longtemps. L’attrait pour les Eglises ne date pas d’aujourd’hui, je me suis toujours senti bien dans un lieu de culte. Tous pourraient être des points d’ancrage. Si ma croyance n’est pas renforcée pour autant, je ne pourrai pas me reprocher de n’avoir rien tenté.

Je me rends chez Olivier en suivant. J’ai du mal à déconnecter, d’autant que je vais partir après les premiers verres. Je ne verrai pas la fête battre son plein, je serai dans mon lit.

22 octobre : Jour J. C’est aussi le jour où j’écris ces mots. Vous l’avez lu dans le titre, je parle d’abysses et je peux déjà dire que si je n’avais pas publié la première partie, il n’y aurait pas eu d’article sur ce marathon. Cette deuxième partie sera très brève. Je m’empresse parce que si j’attends demain, il n’y aura pas de suite. On va un peu parler de course mais on va aussi parler de douleur, de larmes, d’abandon et de vomi. Désolé pour ce dernier. Si l’an dernier ma fierté m’a poussé à disséquer le marathon des Villages kilomètre après kilomètre, cette année, je n’ai aucune envie de procéder de la même façon. D’une part parce que j’ai déjà oublié les détails au kilomètre prêt et d’autre part, je n’ai pas envie de remuer le couteau dans ma plaie. Spoiler alert, vous l’avez peut-être compris en lisant le titre, non, comme je m’y attendais, mon objectif n’est pas tenu.

J’arrive à 8h au marché de Piraillan, départ de la course. Je retrouve quelques Rapetou. David et Serge vont faire le solo, comme moi, et Jean Michel et Julien partiront pour le duo. Benoît, muni de son VTT, suivra la course de prêt, et Jean François sera le photographe. Je retrouve aussi Jordan et Laetitia, un couple d’amis partis vivre à Angers il y a quatre ans, nous ne nous sommes pas vus depuis. Jordan revient dans la région le temps du solo (photo ci contre). Je reste discuter avec eux, ça fait si longtemps. Nous croisons Astrid une amie de l’école primaire que je n’ai pas vue depuis le marathon de Blaye. Elle était secouriste. Aujourd’hui, accompagnée de son Piaf, elle va courir son premier marathon. Avant le départ, je retrouve les Rapetou pour la traditionnelle photo de club. Je les perds en entrant dans le SAS de départ où je me retrouve seul.

Avec les Rapetou – photo Jean François

L’année dernière, la musique, le clapping et l’émotion avaient suffit à me tirer une larme ou deux. Comme à chaque fois sur une ligne de départ. Aujourd’hui, rien de tout ça. En réalité, devinant les épreuves que je vais devoir affronter, j’appréhende. Non, je n’ai pas vraiment envie d’être ici.

SAS de départ

Top départ ! Il y a beaucoup de monde devant moi et impossible de me frayer un passage sur le premier kilomètre, je suis bloqué. 5min11 alors que je veux chaque km sous les 5min pour passer en 3h30. Mais à l’entame du deuxième, ma douleur au pied est déjà réveillée et mes jambes sont déjà lourdes. Je n’ai pas couru depuis deux semaines et je viens de comprendre que toutes mes craintes vont se confirmer dans les kilomètres à venir. Il me reste encore 41km, je suis déjà en pleine désillusion. Je réalise 12km entre 4’26 et 4’50, si je prends une avance confortable, je sens déjà les courbatures arriver. Ce qui m’inquiète, c’est qu’elles se situent uniquement sur la jambe droite. Ayant mal au pied gauche, je compense comme je peux en forçant sur la jambe droite qui fait double d’efforts. Mais je n’ai pas le choix. 5’08 au 14eme km, j’accélère mais je commence à sentir une vive douleur au ventre. Je repasse sous les 5min au kilo. 18ème km, l’envie de pisser est insoutenable, 5’46. 21eme kilomètre, c’est la dernière fois que je cours sous les 5min. J’ai commencé à boîter après la pause pipi et je commence à avoir très mal au ventre. 5’36, 5’37, c’est insoutenable Moi qui n’avais tablé que sur la douleur au pied, le cumul est violent. Est ce que la douleur au ventre est la cause de la douleur au pied ? J’en sais foutre rien.

29ème km, je commence à marcher. Il faut que je récupère, que les douleurs s’apaisent. 30ème km, 7’19, oui mais j’ai vomi. J’abandonne. Un miracle ne suffirait pas pour tenir l’objectif, je suis en train de me faire très mal au pied, j’ai toujours aussi mal au ventre alors que j’ai vomi mes gels. STOP, je m’écarte de la route. « Allez Josselin, t’arrêtes pas ». L’année dernière, sur le même marathon, on m’avait appelé trois fois Joseph. Là, cette année, à part la gamine qui a crié « Joséfin » après avoir longuement plissé les yeux pour lire mon dossard, personne ne s’est planté. On m’appelle Jojo, Joss, tout va bien. Ah si, sur la piste cyclable, une dame m’a dit « allez Baptiste », sauf que Baptiste il était déjà 10 mètres devant. Et à celui qui était 10 mètres derrière moi, elle a claironné « allez Josselin ». Je serais littéralement mort de rire si je n’avais pas réellement envie de mourir à l’instant T. Façon de parler. Les coureurs m’encouragent. C’est vrai que dans ma bucket list, j’ai bien mis que je devais courir 5 marathons. Allez c’est reparti, et en boîtant. 6’02, 7’02, 7’56, 6’59. Très inégal tout ça me direz vous… Je suis totalement d’accord, ça dépend du temps pendant lequel je marche sur chaque kilomètre. Parce que oui, on va pas se mentir, je marche beaucoup. Je suis toujours bon pour le faire en 4h, pas trop de danger de ce côté là…

Dans la douleur – photo Jean François

35ème kilomètre, 09’24. Le pire kilomètre de mon existence. Je viens de tuer les quatre heures mais balec parce que j’ai abandonné. Je ne peux pas souffrir plus c’est pas possible. Il y a une rembarde en bois sur le trottoir, j’ai posé les coudes dessus, je suis en larmes, complètement effondré. Je vis le pire scénario possible, un scénario que je n’avais même pas envisagé. Je n’aurais pas dû venir, j’aurais pu profiter de la soirée avec Olivier. Je savais que j’allais avoir mal, que je me mettrais à boîter. Je me trouve tellement con. Je vais passer la journée ici, après tout le cadre est magnifique. J’ai envie de m’allonger là, devant tout le monde, de dormir sous le Soleil. On crie mon nom depuis tout à l’heure, je n’y prête pas attention, mais les quatre femmes ne lâchent pas le morceau. Je relève la tête, « allez Josselin, marche tu t’en fous, mais marche ! Vas y ! » Je me remets aussitôt sur la route. Je marche péniblement. Comme un éclopé. Je passe devant les femmes, elles me crient dessus, ça me porte littéralement, je trottine, c’est le mieux que je puisse faire. Oui, même si je dois marcher, il est temps d’aller chercher cette médaille. 6’38, 7’49, 8’50, c’est le kilomètre avec l’escalier. J’ai croisé Benoît en montant l’escalier, il m’encourage, je suis presque vautré sur la rembarde, à deux doigts de tomber. 7’33, 7’20, je me remotive drôlement là. Il faut dire que le public est en masse. Mais je marche encore un peu. 7’59. Maintenant c’est le dernier kilo, je vais enfin arriver sur la ligne. Je ne marche pas. David, déguisé en clown et arrivé en 3h26, vient à mes côtés. Il me dit « mais tu vas pas pleurer ? » Oui c’est vrai que je suis sur le point de fondre. Je passe la ligne d’arrivée en 4h07min12s, au fin fond des abysses.

Vidéo prise par Laetitia sur la ligne d’arrivée

Voilà c’est fini. Ne sachant pas quelle conclusion tirer de cette expérience, je vais faire tout mon possible pour regagner mon lit et m’éteindre jusqu’à demain. Je ferai une mise à jour dans le courant de la semaine avec les photos des Rapetou…

5ème médaille

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