2024·BLOG·Course à pied

Cavale des Rapetou et Run For Planet 2024

Hello

Nous nous sommes quittés en mauvais terme le 22 octobre 2023. Je sortais de cette horrible édition du marathon des Villages… Emotionnellement et physiquement, j’étais au plus mal. Sur le point d’achever une année couronnée d’échecs et de désillusions.

Quelques jours après la course, je passe une radio qui confirme la tendinite du tendon péronier gauche. Il va me falloir des semaines de repos, je décide donc d’arrêter toute activité physique. Et avec un moral déjà à zéro, l’échec du marathon des Villages me pousse à m’enfoncer au sein de quelque chose qui semble s’apparenter à une dépression. Je ne trouve du réconfort que dans les moments que je partage avec mon petit garçon Aubin, qui est loin de se douter du poids qui pèse sur ses épaules.

Je mange. Beaucoup. Je ne me prive de rien. J’évite seulement de croiser mon regard dans un miroir et je laisse ma balance prendre la poussière. Je n’ai pas envie de voir grand monde. Du coup je ne vois personne. J’emmène Aubin dans ma famille à Noël, et je passe avec lui, une semaine de vacances fabuleuse.

semaine de vacances avec Aubin

Je suis incapable d’écrire l’année 2024 qui sera, je le décide, une année sans le moindre objectif. En plus, le semi Bazas-Langon est annulé et j’ai encore mal au pied. Je n’ai plus vu les membres de mon club depuis octobre et il semble que je ne sois pas prêt d’y remettre les pieds. Mais à coup de chips, de saucisson et de Nutella, je ne peux plus éviter le miroir. 2024 vient de démarrer et jour après jour, mon image me donne mal au ventre. Il faut dire que j’avais embarqué, au marathon des Villages, un corps qui me rendait assez fier. Et aujourd’hui, mon nouveau hobby, c’est les chips Brets au vinaigre avec les bâtonnets de saucisson nature de chez Auvernou, et un Coca bien sûr. Moi qui était sur le point d’avoir des abdos, les voilà en mode hivernation pour une durée indéterminée.

Et peut-être fallait-il ajouter ce dégoût physique pour que je daigne me sortir les doigts du cul. On arrive à la fin du mois de janvier, et après de longues introspections, je suis enfin prêt à repartir de zéro. Pourquoi je ne vais pas bien et de quoi ai-je besoin pour aller mieux ? Sur le plan social, il faudra recréer du lien, réparer des erreurs qui me pèsent et avoir une relation plus saine avec la mère de mon fils. Sur le plan esthétique, je dois monter sur la balance et faire ce qu’il faut pour avoir un corps qui me donne envie de vivre dedans. Et quitte à partir de zéro, je veux l’option « summer body » avec les abdos, les pectoraux et tout et tout. Et sur le plan sportif… Comment ai-je pu penser un instant que je vivrais mieux sans le moindre objectif ? Qu’est ce qui va m’animer si je n’ai pas le moindre objectif ?

Et puis il y a eu un coup de massue. Je n’ai pas été tiré au sort pour le départ du Marathon pour tous qui se déroulera pendant les Jeux Olympiques, sur le parcours des plus grands athlètes du monde. Je m’animais là dessus depuis bientôt quatre ans déjà. Et je n’y serai pas. Je relativise. Je n’ai pas le choix. Sans l’annonce de cette épreuve, je n’en serais certainement pas à mon cinquième marathon, je n’aurais peut-être pas intégré mon club et je n’aurais peut-être pas continué la course à pied. Ou peut-être que si. Tant pis. Mais à présent, je vais voir les choses en grand, je vais devenir meilleur que jamais, avec un corps de rêve qui plus est ! Enfin c’est l’objectif…

Première chose à faire : mettre à jour ma Bucket List. J’ai commencé ma Bucket List en 2013 et je n’ai jamais cessé de la modifier, rayant les choses impossibles, ajoutant de nouveaux défis, des cumuls de défis etc… Il faut dire qu’avec l’ascension de l’Everest, j’avais vu les choses en grand. Voici à quoi cette liste ressemble aujourd’hui :

  • Avoir un enfant
  • Partir à l’autre bout du monde
  • Voir Indochine au Stade de France
  • Faire une via ferrata
  • Sauter à l’élastique
  • Faire l’ascension d’un 3000m
  • Faire l’ascension de cinq 3000m
  • Faire l’ascension du Mont-Blanc
  • Courir un semi-marathon
  • Courir un marathon
  • Courir 5 marathons
  • Courir 10 marathons
  • Courir un 24h
  • Monter sur un podium
  • Faire un Iron man
  • Essayer de voir le monstre du Loch Ness
  • Ecrire un livre
  • Faire éditer et publier un livre
  • Faire de la plongée
  • Planter un arbre
  • Pêcher en mer
  • Faire du bivouac
  • Me faire tatouer
  • Visiter le Mont Saint-Michel
  • Lancer une bouteille à la mer
  • Chercher un trésor
  • Plonger dans l’océan un 1er janvier
  • Apprendre à nager le crawl
  • Traverser la Garonne à la nage
  • Lire la Bible
  • Faire un film et le projeter dans un cinéma
  • Avoir des abdos
  • Passer sous le pont du Gard en canoë
  • Dormir sur une plage
  • Lire l’intégrale de Harry Potter
  • Faire de l’urbex
  • Prendre quelqu’un en autostop
  • Passer une journée à ramasser des déchets

Il y a trois mois, j’avais décrété que les marathons c’était terminé pour moi, finalement, il y en aura cinq de plus. Au moins. En août, j’en avais fini avec la montagne, finalement, je vais devoir faire au moins trois pics supplémentaires de plus de 3000m. Et j’ai cette putain d’envie qui vient d’émerger, je veux grimper sur un podium. J’ai fait pas mal de podiums à l’époque où je faisais du tir à l’arc, maintenant, je veux y monter pour la course. Et puis, il y a ce truc que Papi, chez les Rapetou, fait tous les ans : faire des tours de stade pendant 24h. Ca aussi je veux le faire !

Me voilà lancé pour des années de défis. Ce soir là, je m’endors avec le sourire.

28 janvier 2024 : Aujourd’hui, je reprends la course. 7km à 5’36/km. C’est très dur. Et ma tendinite me titille…

31 janvier : 7,5km à 5’11/km. Les sensations reviennent vite mais je me fais mal. J’y suis allé un peu fort. Pas de problème, je mets mon pied au repos.

02 février : Je pèse 72kg. J’ai fait attention ces derniers jours. J’étais à 68 en octobre. Je prends une photo souvenir d’un corps qui n’existera plus dans quelques mois. Objectif pectoraux, triceps, abdos et fessiers. Oui je trouve mon cul trop plat. Un peu de muscu tous les jours et ça devrait rentrer dans l’ordre. Les exercices de ce soir sont abominables et me donnent la nausée. Ce n’est que le début.

7, 10 et 13 février : Entre deux séances de muscu, j’ai repris la course mais la douleur n’est pas loin, je joue la carte de la prudence. J’ai quand même de quoi m’occuper et l’évolution de mon corps est déjà notable.

6, 13, 18 et 20 mars : Quatre séances de course allant de 8 à 15km. Quelque chose a changé. Je sens déjà que je cours vite mais c’est surtout que je me sens mieux dans mon corps. Plus d’un mois que je travaille mes abdos et ma façon de courir a changé. Je me tiens droit et je me sens plus solide. Je n’ai pas la moindre douleur aux bras et les squats ont musclé mes cuisses. La tendinite semble s’être fait la malle. Il est temps de penser à mes objectifs, et quel meilleur plan que les 10km de la Cavale des Rapetou ? C’est le 26 mai et s’il y a une course avec laquelle j’ai envie de reprendre, c’est clairement celle là. Si je ne suis pas encore prêt à retourner aux séances de club, ça ne va pas tarder.

J’ai couru, le 22 mai 2022, mon tout premier 10km. C’était lors de la Cavale des Rapetou. Une semaine après le Marathon de Blaye. J’avais le dos bloqué et j’étais à la peine pour finir la course en 49min31s. Mais ce jour là, après avoir découvert les nombreux Rapetou, je repartais avec la certitude d’intégrer l’équipe quelques mois plus tard.

Ma première cavale en 2022

23 mars : A la débauche, je décide de faire ma séance du jour au bois de Thouars. C’est LE parcours que je connais par cœur. C’est un parcours de 5 km, en forêt. J’en connais le moindre virage, la moindre cote. Et aujourd’hui, je me sens très en forme, j’ai l’impression de courir vite. Je termine les 10km en 46min09s, soit 4’36/km. Je m’empresse de vérifier mais jusqu’à présent, mon record sur 10km était de 46min10s. C’était le 5 juin 2022 lors de la deuxième RunForPlanet. Cette seule seconde me redonne confiance et me fait envisager de nouveaux objectifs fous pour la cavale des Rapetou. Je précise que ces objectifs sont fous à mon échelle à moi. Les semaines qui suivent confirment que je cours plus vite qu’avant et que je n’ai plus à rougir.

Arrivée de la RunForPlanet 2022

24 avril : C’est mercredi. Le mercredi, chez les Rapetou, c’est fractionnés. Il est temps pour moi de retrouver mon club pour une séance hardcore. J’en chie, mais c’est un tel bonheur de retrouver tout le monde !

30 avril : C’est soir de cuite. Virginie a convié collègues et amis, j’enquille les bières les unes après les autres, je ne réponds plus de rien, je mange un moustique et « agrémente » les crêpes de nutella et guacamole. Virginie, qui vient de faire le semi du Cap Ferret, est partante pour le 10 kilomètres de la RunForPlanet qui se tiendra le 2 juin au… bois de Thouars. Bourré que je suis, je décide de m’inscrire. C’est une semaine après la cavale. Si je suis trop saoul pour comprendre le formulaire d’inscription, une promesse est une promesse, je serai inscrit demain. Le 1er mai, nous allons, moi et ma gueule de bois, à l’entraînement du soir. Il pleut et nous sommes seulement huit Rapetou au départ de la course de 11km. Je complète la semaine avec du renforcement musculaire.

05 mai : Ce Dimanche matin, une quarantaine de Rapetou se rendent chez Coach. Au programme : 5 courses d’orientation. La rando de 9km, et quatre parcours de trail de 12, 15, 17 et 19km. Alors que j’étais parti pour le 12, je décide au dernier moment de partir pour le 19. Jérémie, Jean Michel et Serge seront dans mon équipe. Ca devrait courir assez vite. Mais je ne réalise pas que je n’ai pas fait de long depuis longtemps… Au terme de 21km d’une difficulté que j’avais sous évaluée, je réalise mon incapacité totale à m’orienter et à lire une carte. Mais j’ai choisi la bonne équipe et les connaissances de Jérémie nous permettent de trouver les six balises sans difficulté. Nous arriverons chez Coach avant l’équipe du 17km qui semble être passée par bien des épreuves, et qui a littéralement traversé le Ciron, une rivière affluente de la Garonne. Alors que nous nous éternisons, bières à la main, devant le buffet préparé par Coachette, je dis à Christelle et Papi que j’ambitionne de faire un 24h. « Pourquoi pas commencer en équipe ? » me propose Christelle… Je ne fais qu’un tour dans ma tête. Vendu ! A suivre…

06 mai : C’est jour de renforcement musculaire chez les Rapetou. Aurora me demande si le marathon des Villages c’est sympa. Elle cherche un marathon cette année. Christelle lui dit : « Si tu le fais, je viens. » Est-ce que moi aussi je vais m’embarquer dans un troisième marathon des Villages, après l’horreur du dernier ? A suivre…

13 mai : Après avoir conduit Aubin à l’école, je décide de courir 10km sur la piste cyclable entre Langon et Roaillan. Le Soleil est au rendez-vous et je suis contraint, à trois reprises, de m’arrêter pour m’hydrater. Néanmoins, le cumul de mes quatre courses me font franchir la barre des 10km en moins de 45min. Mais avec trois temps de pause. En partant, au rond point du péage de Langon, je croise Marcel et David qui sont en train d’installer la banderole pour la Cavale. J’y vois là un coup de pression.

Il reste 13 jours avant la Cavale, il est temps de fixer mon objectif. En sachant que j’ai une séance de rattrapage avec la RunForPlanet qui arrive dans 20 jours, je me donne le droit à l’erreur. Mon objectif est simple : faire les deux courses en moins de 46min, afin de battre mon record, et en faire une en moins de 45min. Ca sera probablement la RunForPlanet sur laquelle je pars avec un avantage considérable, je connais les trois endroits qui peuvent me mettre en difficulté, et avec le temps, j’ai compris comment les aborder.

Sur les routes autour de chez moi, je cumule les records, et quelques jours avant la cavale, je fais 5km en 21min27, soit 4’17/km. Je me sens mieux que jamais, et je soupçonne le renforcement musculaire d’être à l’origine de ce changement.

26 mai 2024. C’est jour de Cavale. Le réveil est difficile pour moi, mais aussi pour Aubin. Le stress m’a privé d’une partie de ma nuit de sommeil. Il est pas loin de 9h15 quand nous arrivons sur le lieu de la course. Anaïs, la maman d’Aubin est venue pour le garder le temps de la cavale. Il y a trois épreuves pour les adultes. La randonnée, le 5km et le 10. Le 10 fait deux fois la boucle du 5. Le 17 mai, nous avons fait l’entraînement sur ce parcours, et Jérémie, le président de l’association du club, m’a donné quelques précieux conseils. Il connait ça par cœur.

Avec les Rapetou avant le départ

Je pars m’échauffer avec deux Olivier, et je les laisse pour pisser un coup. Evidemment, je n’y arrive pas. A mon retour, nous faisons la photo du club et je conviens avec Aubin, de l’endroit où il peut se mettre afin que je lui fasse un check. Il est 10h, top départ. Nous sommes 253 partants. 108 pour le 5km et 145 pour le 10. Je me tiens dans le premier quart. Je me laisse très rapidement embarquer dans un rythme infernal. Si je ne ralentis pas tout de suite, je ne vais pas tenir l’allure. La cavale est un parcours route et chemin. Si l’allure est plus soutenue sur le bitume, la terre est plus imprévisible. Heureusement, nous venons d’avoir deux jours de Soleil qui ont rendu le parcours parfait. Je vois bien sur ma montre que les deux premiers kilomètres sont trop rapides. 4’11 et 4’17/km. Je ralentis, mais 4’31 au troisième kilomètre, c’est trop lent. Ca passe pour être sous les 46min mais pas les 45. Et se mettre dans un faux rythme est dangereux. Alors que je pense mettre juste un petit coup d’accélérateur, me revoilà à 4’11 au quatrième kilomètre.. Décidément, je ne parviens pas à trouver mon rythme, je m’agace. Je réfléchis.

Je passe le cinquième kilomètre en 4’19, c’est pas mal, mais la frustration de repartir pour un tour en voyant les arrivants du 5 kilomètres est immense. Et merde, je viens de rater la main d’Aubin. Y’a rien qui va. J’ai soif. Je prends 5 secondes pour boire mais je peine à me relancer. Autour de moi, ce n’est plus la foule de départ, et les encouragements de Christophe, avec qui j’étais allé à mon premier marathon des Villages, me réchauffent. Je suis à 4’28, avec l’arrêt ravito. Je garde cette allure. 4’21 au septième kilomètre et nous revoilà en forêt. Je craque. Je n’y arrive plus. Je dois freiner. Et pas qu’un peu. Va pour un kilomètre de repos. A 4’36. Je n’ai pas le temps de faire le calcul, deux coureurs viennent de me dépasser. A la sortie du bois, je me sens de remettre un petit coup d’accélérateur, mais je suis épuisé. Jamais je n’avais couru en mode « course ». Je veux dire que jamais, avant ce jour, je n’avais donné tout ce dont j’étais capable. Et alors que ce n’est certainement pas le moment de lâcher, je comprends que ces deux derniers kilomètres vont être interminables. 4’22 pour le neuvième. Allez, je peux aller plus vite. Au prix d’un effort insoutenable, et avec un dernier kilomètre à 4’11, je prends deux secondes pour taper dans la main d’Aubin à quelques mètres de l’arrivée.

Je finis la course en 44 minutes. Si j’ai des difficultés à reprendre mes esprits, j’ai du mal à croire que je viens de finir cette course en 44 minutes. C’est bien au delà de ce que j’avais espéré. Je suis 28ème et tellement heureux d’avoir tout donné sur cette course là. Avec Aubin, nous resterons aux côtés des Rapetou une bonne partie de la journée. De la belle journée.

La cavale m’enlève toute la pression de la RunForPlanet. Mon objectif est atteint, pulvérisé, je peux aborder ma prochaine course en toute sérénité, avec juste le plaisir de courir dans un endroit cher et familier.

27 mai : Non non et non. Je viens de me réveiller. Aucun plaisir à aborder une course avec sérénité. Genre, Dimanche, je vais à la RunForPlanet, et je fais quoi ? Je me balade ? Pas question. Dimanche, je vais à la RunForPlanet pour une seule raison : faire mieux que 44min ! S’il y a un parcours sur lequel je peux me le permettre, c’est celui-là. Mais voilà, je suis encore épuisé et je comprends ce jour, l’utilité d’une bonne récup. Je me rends le soir à la séance de renforcement musculaire du lundi. C’est Elodie qui l’anime, ça va être chaud !

28 mai : Je pars au bois de Thouars faire un footing de 7km. Ici aussi, le terrain a bien séché.

30 mai : Je ressens encore les effets de la cavale mais je pars pour un dernier entraînement qui sera suivi par deux jours de repos. Je me rends sur les quais de Bordeaux pour faire une séance de fractionnés et j’en profite pour aller récupérer mon dossard et celui de Virginie qui est coincée dans les bouchons.

prêts !

02 juin : Il est 19h14 quand j’écris ces mots… La RunForPlanet s’est déroulée ce matin. Au moment du départ, j’ai mal lancé ma montre. Il m’a fallu 100 mètres pour m’en rendre compte. Les résultats seront publiés demain, et je suis incapable de dire si je suis passé sous la barre des 44 minutes. Aujourd’hui, le temps ressemble à l’éternité. Il faudra attendre ma pause repas de demain pour savoir. Quelques éléments de réponse me permettent de dire que je suis sous 44min13.

Je pense aussi aux Rapetou qui viennent d’achever la sortie club annuelle. Aujourd’hui, ils étaient sur les différents parcours de la Sarladaise. A Sarlat.

Hier, en rentrant du travail, j’ai fait une dernière séance de musculation… Généralement, quand je travaille mes abdos, j’alterne la roue Decathlon avec un travail sur les obliques. Là, je ne sais pas pourquoi mais en toute incohérence, j’alterne quatre séries de 25 pompes et quatre séries de crunch au sol. Pour les abdos centraux. Exercice que je ne fais jamais. Je ménage les jambes et les fesses. Je me couche et regarde les heures défiler. Je suis sous pression. Les yeux fermés, je fais et refais le parcours à l’infini. A 5 heures du mat’, je suis réveillé par une douleur abominable aux abdos. Je comprends ma connerie. Quel idiot ! Contre ma volonté, je sors du lit à 7h30. J’ai dormi 5h16. L’horreur. Le départ n’est qu’à 10h30, je peux prendre le temps de déjeuner. Je m’abstiens autant que possible de boire. Si j’arrive là-bas avec l’envie de pisser je suis mort. Ceux qui me lisent savent que psychologiquement, je ne peux pas pisser dans un lieu public.

J’arrive au bois de Thouars à 9h40. Le 5 kilomètres va s’élancer dans 5 minutes. Virginie me rejoint juste après le départ de la première vague de coureurs. Sur l’échelle de la sérénité, nous n’avons clairement pas la moyenne. Une amie à elle nous rejoint avec son compagnon, venu pour l’encourager. On discute, le temps passe, je ne lâche pas ma vapote, je me retiens toujours de boire. Pour éviter toute déshydratation, j’ai décidé de tester la course avec une flasque de 250ml. Si je n’y arrive pas, je la lâcherai dans un endroit évident pour la récupérer après la course.

C’est la quatrième édition de la RunForPlanet. Avec de plus en plus d’adeptes, les inscriptions sont fermées depuis plusieurs jours.

L’heure approche. Je me détache du groupe pour me rapprocher de la ligne de départ. Nous sommes 650 partants sur le 10 kilomètres, je ne ferai pas l’erreur d’être emprisonné dès le départ. Je me positionne devant, au deuxième rang, juste à côté d’une fille du club de Villenave d’Ornon. Pendant 5 minutes, je laisse la pression m’envahir, j’ai la boule au ventre qui s’additionne aux douleurs abdominales et j’ai la sensation d’avoir perdu mes jambes. C’est bien le moment.

GO!!!

Attendez, parenthèse. C’est la première fois que je raconte une course sans savoir si j’ai atteint ou non mon objectif. Peu importe le résultat, je ne changerai rien au texte. Maintenant, tout dépend de cette fille du club de Villenave d’Ornon. Donc top départ !

Départ du 10km – Photo Jérôme Billault

Etant devant, sur un parcours pas très large, je pars vite afin de ne pas gêner et ne pas être gêné à mon tour. Mais comme pour la cavale, je ne tiendrai pas une allure aussi soutenue. Ma montre elle, n’a pas du tout démarré. Je m’en rends compte après 100 à 200 mètres. A partir de maintenant, elle me donnera mes allures à chaque kilomètre. Finissant le premier kilomètre en 4’06, je mets un coup de frein très net. Cette fois, j’aimerais bien avoir un peu de jus à l’arrivée. Je passe le deuxième kilomètre en 4’19, ça c’est bien. Ca me fait prendre un peu d’avance sur mon objectif. Je dois terminer avec une moyenne de 4’23 pour battre la semaine dernière. Je me fais doubler par les coureurs qui se sont retrouvés prisonniers sur la ligne de départ. Tout est normal. Je ne double personne mais ça aussi c’est logique. 4’13 au troisième kilomètre. Ca y est, je suis dans le dur. Essoufflé, déjà fatigué, on serait à l’entraînement, je m’arrêterais net. Et clairement, je suis sur une allure que je ne peux pas tenir, à l’endroit du parcours que j’aime le moins. Je déteste ce quatrième kilomètre. Ce tour de l’étang et ce faux plat interminable… Je bois. Ca me coupe le souffle. C’est une cata. Je ralentis. Beaucoup. La fille de Villenave d’Ornon me double. Une chose dont je suis sûr, pour l’instant elle est la première féminine. On est partis au même moment, si je cale mon allure sur la sienne, ça va peut-être me sauver. Quatrième kilomètre, 4’28. C’est trop lent mais je n’en peux plus. Cette portion est trop dure et je me rends finalement compte que connaître le parcours ne m’avantage peut-être pas autant que je l’avais cru. Alors que la fille creuse l’écart, elle double un garçon qui semble lui aussi ralentir. Pour autant, je n’arrive pas à l’atteindre. On arrive à la fin du premier tour, il y a beaucoup de spectateurs sur la ligne d’arrivée, l’ambiance est folle. Je regarde le moins possible, je veux juste que ça s’arrête. Je finis le cinquième kilomètre en 4’26 et je commence à me dire que ça ne passera pas pour l’objectif. Exténué, dépité, j’agonise en silence, contraint d’aller au bout.

Pour moi, le sixième kilomètre, celui du départ, est le plus facile avec le dernier. J’en profite pour réduire l’écart avec la fille et le garçon qu’elle a également distancé et qui est désormais à ma portée. 4’24 au sixième kilomètre, mais je ne me vois pas tenir. Je maintiens malgré tout l’écart pour boucler le septième kilomètre en 4’25. Mais revoilà le quatrième kilomètre, celui de l’horreur. Sauf que cette fois, il est le huitième et je ne peux pas faire autrement que de craquer. Tous mes espoirs s’envolent. J’ai plus du tout de jus. Derrière moi, ça remonte fort. Je finis ce huitième kilomètre en 4’33. Je m’attendais à pire. J’ai l’impression d’être au ralenti. Deux coureurs me dépassent et en regardant devant, je constate que ça a beaucoup craqué. Alors, ça pourrait paraître dégueulasse, mais voir les autres craquer, paradoxalement, ça rend aussi plus fort. Et avec un kilomètre en 4’33, il se trouve que j’ai obtenu un peu de récup. Je double enfin le garçon qui comme moi, avait commencé à craquer au quatrième. Je remonte sur la fille qui court à présent avec les deux garçons qui viennent de me doubler. Les trois sont en train de réduire la distance avec deux garçons à 50 mètres devant eux. Neuvième kilomètre, 4’23. C’est rapide pour notre fin de course mais contre toute attente, j’ai obtenu le jus pour finir. Tout ce que je viens de voir devant moi m’a donné la gnaque, et ça y est, je suis au niveau du groupe de trois. Je cours plus vite mais ils ferment la porte. La fille est au milieu du chemin, encerclée par les garçons. Je rage. Impossible de les doubler. Alors que je suis en train de m’agacer, je comprends que je ne pourrai les dépasser que sur les 400 derniers mètres. Aux abords du stade, l’étroit chemin va devenir un boulevard. Ces derniers mètres durent, mais ma rage est en train de recharger mes batteries. Ils n’auraient pas dû me fermer la route. Ils savent que je suis derrière et que je ne peux pas passer. Ca ne se fait pas. Alors que nous quittons le chemin pour arriver aux abords du stade, j’accélère, je lâche tout ce qu’il me reste en optant pour un sprint à 3’30. Plus que 400 mètres ! Je double les trois. Ca tient, je remonte très vite, j’en dépasse quatre autres, je ne comprends pas ce qu’il m’arrive. Encore trois de plus, et un dernier avant d’exploser sur la ligne d’arrivée.

Mort, je réalise que ce sprint final, cette envie de tout dégommer, je n’oublierai pas… Avec du recul, en plus d’avoir été en sous régime sur le 8ème kilomètre, je pense que la colère que j’ai ressentie m’a donné une très grosse dose d’adrénaline. A cette heure, la seule donnée que j’ai, c’est que la première fille est montée sur la première marche du podium et son résultat annoncé était de 44min13sec. Alors qu’elle avait pas mal ralenti sur sa fin de course, la question que je me pose, c’est est-ce que j’ai pu la distancer de 13 secondes sur les 400 derniers mètres ? Je croise les doigts. En attendant, et pour atténuer la frustration, je décide de m’offrir un petit plaisir :

C’était la dernière fois je jure

03 juin : Il est 7h35, je suis coincé sur l’autoroute. J’ouvre la page runforplanet.fr . Putain les résultats sont là ! La boule au ventre, je découvre que j’ai fini la course en 43min25s. Je suis fou de joie ! Encore une fois, je suis bien au delà de mon objectif. Je finis 29ème sur 573 arrivants. Nous sommes déjà en juin mais cette année sportive commence bien. Aucun doute, les échecs de l’année passée vont être balayés, et je l’annonce, non seulement je retournerai sur les plus hauts sommets, mais je vais surtout passer sous la barre des 3h30 lors de mon prochain marathon. A suivre…

Pour en savoir plus sur la Cavale des Rapetou et sur le club, je vous invite à en consulter le site https://www.rapetou-toulenne.com/

La RunForPlanet est une course solidaire entièrement éco-conçue. En vous offrant un dossard, vous faites également un don à l’association de votre choix parmi celles qui vous sont proposées. Toutes les infos sur https://runforplanet.fr/

Laisser un commentaire