2025·Course à pied

Trail des Trottebiots

Hello !

Un bon mois sans courir après le marathon des 2 Rives. Deux ou trois footings, pas plus. J’ai repris quelques kilos. Logique, je ne m’alarme pas ! Le week-end du 18 mai, sans Aubin à mes côtés, j’ai enfin pu donner un coup de main à la Cavale des Rapetou. Moi qui tenais tant à passer de l’autre côté de la barrière, j’ai passé un week-end génial. Week-end très chaud d’ailleurs ! (Juste côté soleil, rassurez-vous, aucune autre allusion.) Si Coach Fabrice, à la sono (ayant appris que j’étais devenu fan de Dalida), a accepté de passer quelques morceaux de la chanteuse, il ne manque pas de m’épingler, tout comme Fred, sur ma prise de poids. Pour rire… Et pourtant, n’osant plus me peser, je suis conscient que, si ça ne se voit pas, je laisse les grammes, par centaines, prendre possession de mon corps.

Avec Élodie et Juliane pendant le repas de la Cavale

La semaine suivante, avec Aubin, nous avons fait les 9 kilomètres de la randonnée du trail des Salamandres à Léogeats. Organisé par la team Fadas, cet événement m’a permis de retrouver, une semaine après la Cavale, Astrid et François. Nous avons discuté de mon envie grandissante de faire un peu plus de trail. Depuis la belle surprise des Valentins en février, je n’en ai pas refait. Alors pourquoi ne pas aller en pays bazadais pour le trail des Trottebiots, prévu le 15 juin à Cudos ?

Le rendez-vous est fixé.

Trail des Salamandres

Le 30 mai, je me rends sur le Dec de Lhurs, au départ de Lescun. Avec une sensation quelque peu mitigée, je finis par bâcler un article que je n’aurais sans doute pas dû écrire… Nous reviendrons sur ce point après ma prochaine excursion pyrénéenne. Les deux premiers paragraphes sont déjà écrits.

Sur le Dec de Lhurs

Il est temps à présent de reprendre les entraînements. Pour me motiver, je boucle mon inscription aux Trottebiots et, par la même occasion, sans penser un seul instant au fait que ça tombera le même week-end, je m’inscris à la sortie annuelle trail/canoë des Rapetou, qui se déroulera le 14 juin. Tout ça sans penser un seul instant à la fête des Pères, qui s’invitera en même temps. Je viens de noyer mon cerveau. N’ayant visiblement aucune capacité de réflexion ou d’anticipation, avec tous les rendez-vous et obligations des semaines à venir, je décide de coller des post-it partout !

Je bloque. Je n’y arrive plus… Alors que je commence à reprendre sérieusement les entraînements et que je démarre un régime, je me sens vidé. Plus la moindre énergie. La chaleur ? La fatigue ? Le fait que je mange trop peu ? Probablement un cocktail de ces trois facteurs… En course, si je tiens la distance, impossible de trouver la moindre accélération. Je ne m’étais jamais senti aussi impuissant. Je sais que c’est passager. Mais le trail des Trottebiots approche à grands pas, et même si je me réjouis d’avoir choisi le 9 km plutôt que le 16, à une semaine de la course je ne suis capable que de footings. Clairement, je n’ai pas l’intention d’y aller pour me balader.

Le mercredi 11 juin, je me rends à la séance de fractionnés. Au programme : 300-200-300, répété 5 fois. Impossible. Si j’arrive à tenir la première série, je craque dès la deuxième. Impossible de suivre la cadence donnée par Thibault et Christophe. Je m’arrête. Je reprends les deux séries suivantes aux côtés de Thomas, que je n’arrive pas à suivre. J’abandonne. Thomas finit par me convaincre de faire la cinquième série avec lui. Je suis à bout de forces, déterminé à ne plus enfiler mes chaussures avant la sortie canoë. Je sais que cet entraînement sera plus tranquille, mais en toute lucidité, je ne serai pas prêt pour les Trottebiots. Je peux manger et dormir pour retrouver un peu d’énergie, mais le cardio sera absent. C’est une certitude.

Samedi 14 juin : j’arrive à Villandraut avec l’envie de passer une bonne journée. Aucune pression, juste le plaisir de courir jusqu’à Préchac avec le club et de redescendre en canoë. Sur une allure modérée, nous nous élançons pour une course de 12 kilomètres. Ça va plutôt bien. Je suis de bonne humeur, j’ai plutôt bien dormi et je n’ai pas l’impression de subir la course. Je monte à l’avant de mon canoë, Fabrice à l’arrière. Je ne veux pas prendre la responsabilité de guider l’embarcation. Ma logique fait que je vais à gauche quand il faut aller à droite, et vice versa. Alors que nous naviguons depuis une vingtaine de minutes, nous trouvons Marie et Morgane, qui sont trempées. Thomas avait prévenu qu’il renverserait des canoës. Sans surprise, le nôtre n’y échappe pas. Après un pique-nique convivial, je rentre chez moi et accroche mes chaussures complètement trempées devant un ventilateur qui tournera toute la nuit.

Sortie canoë

Dimanche 15 juin : le réveil sonne, j’ai très mal dormi. Prêt à sauter du lit, je me rendors. Cinq minutes plus tard, je me réveille en panique. Je dois absolument sortir du lit si je ne veux pas foirer mon départ pour Cudos. Petit déjeuner, douche, je décide de partir très tôt. Je pourrais me poser sur le canapé, mais je prendrais le risque de m’endormir à nouveau. La course débute à 9h30, j’arriverai sur place à 8h. Il fait 15 degrés à Cadillac. Pas une goutte de pluie. Je démarre la voiture.

Je reçois un message d’Astrid. Elle devait s’inscrire sur place, mais avec l’orage annoncé, elle risque de ne pas se motiver à venir. Orage ? Je vérifie la météo : pluie et orages toute la matinée sur la rive gauche de la Garonne. Effectivement, aux abords de Langon, je dois enclencher les essuie-glaces sur le pont de la Garonne. Merde. Un message d’Élodie arrive à son tour, elle est près de Bazas et confirme une météo dégueulasse.

J’arrive à 8h sur le parking de la course. Jean Michel arrive en même temps et se gare juste à côté. La pluie s’est arrêtée, mais alors que nous discutons sur la pelouse humide, quelques gouttes recommencent à tomber. Je file sous la tente pour récupérer mon dossard. Pendant que les bénévoles galèrent à le retrouver, une averse torrentielle s’abat sur Cudos, accompagnée d’un éclat de tonnerre. Oh enqui gueille ! J’attends que ça se calme avant de retrouver Jean Michel. On a perdu deux degrés, je commence à avoir froid.

Astrid et François viennent d’arriver. Après le message reçu ce matin, je ne m’attendais pas un seul instant à les voir aujourd’hui. Astrid fera le 9 km, François est là pour encourager. Élodie et Damien nous rejoignent aussi, eux aussi sur le 9 km. Seul Jean Michel tentera le 17.

Juste avant le départ, je me rends avec les filles devant le podium pour l’échauffement collectif. Exercices variés, je n’ai même plus le temps de retourner à ma voiture pour une dernière gorgée d’eau. Je vais prendre le départ en ayant soif. L’horreur. Alors que les quelques 200 coureurs se rassemblent sur la ligne, une nouvelle averse s’abat sur Cudos. Bouche ouverte, tête levée, je m’élance en tentant d’avaler quelques gouttes au passage.

Alors que ça fait 300 mètres que je cours, je réalise que j’ai oublié de lancer ma montre. J’appuie sur le bouton avant de mettre un petit coup d’accélérateur. Je rattrape Élodie et me cale sur les pas de Jean-Michel, qui fait une grosse chute en glissant dans la boue. Il se relève aussitôt. Le terrain est dégueulasse. Les chutes se multiplient. Ces passages que je ne sais comment appeler sont très nombreux. Un peu comme des fossés : des descentes très courtes, très raides, suivies par des montées quasi symétriques. Des trappes à coureurs dans lesquelles beaucoup se vautrent. Ce sont également des entonnoirs dans lesquels les coureurs ralentissent par prudence, occasionnant de nombreux bouchons de circulation. Et je ne vous cache pas que je gère très mal ma course, et que ces bouchons bienvenus sont l’occasion pour moi de reprendre un peu de souffle.

J’ai deux options qui s’offrent à moi : ralentir pour mieux gérer le cardio, ou continuer sur cette allure en crachant mes poumons. Me sentant déjà trop lent, je décide de valider la deuxième option et de profiter des trappes à coureurs, dispatchées au cœur de la forêt, pour reprendre un peu de souffle. Aux abords d’une prairie, j’aperçois Damien au loin. Très loin. Je passe devant Jean-Michel sans pour autant accélérer. Trois kilomètres déjà… je ne sais absolument pas comment je vais tenir cette cadence…

Il s’est arrêté de pleuvoir, et dans le silence de la forêt, on entend quelques oiseaux, quelques pas de course, et… mon souffle ! Je suis, et de loin, celui qui respire le plus fort. J’ai l’air ridicule, comme ces gamins qui partent à fond puis doivent s’arrêter après 100 mètres. En temps normal, l’allure à laquelle je suis en train de courir, autour de 5 minutes au kilomètre, ne me pose pas le moindre problème. Mais sous-entraîné, avec les difficultés du parcours, j’ai l’impression de rendre mon dernier souffle à chaque pas que je fais.

J’entends « Allez Josselin », un coureur que je dépasse. Je me retourne. De dos, je n’avais absolument pas reconnu J-R. Je n’ai même pas le souffle pour répondre. Je dois me contenter de lever la main.

Oh ! Un ravito ! Je jure, c’est la meilleure nouvelle au monde. Je m’arrête net et attrape un verre d’eau. Ça fait un bien fou. Sans même avoir récupéré, je repars, toujours aussi bruyant. Je ralentis encore un peu devant les trappes à coureurs. J’ai acheté de nouvelles chaussures de trail que j’ai inaugurées lors de mon ascension du Dec de Lhurs. Elles accrochent bien et n’occasionnent pas la moindre glissade.

Un arbre ! Je viens de me prendre un arbre ! Penché sur le chemin, il vient de coller un stop à mon épaule droite. Je cours seul, quand un bénévole me rassure : « Tout va bien, l’arbre n’a pas bougé. » Mon épaule, en revanche, est foutue. À deux kilomètres de l’arrivée, je comprends que je ne rattraperai pas le coureur loin devant. Je suis incapable d’accélérer. Ne voyant personne derrière, je tente juste de tenir le rythme pour ne pas me faire doubler. J’ai cette sensation de passer complètement à côté de ma course. Peut-être aurais-je mieux fait d’écourter ma pause post-marathon… peut-être aussi que ça n’aurait strictement rien changé…

J’entends les haut-parleurs de la sono. L’arrivée est proche. Généralement, c’est l’occasion pour moi de terminer au sprint. Mais alors que j’aperçois François en train de filmer mon passage sur la ligne d’arrivée, je ne peux pas aller plus vite. Je termine ce trail des Trottebiots que j’ai entièrement couru à fond. Je retrouve Damien et François au ravito, encore essoufflé. Quelques minutes plus tard, la première féminine arrive, suivie de près par Élodie, puis Astrid. Incroyable, elles vont se partager le podium féminin des Trottebiots.

À l’arrivée

Le 3 juin 2024, je livrais mon article au sujet de mon double record sur la distance 10 km lors de la Cavale des Rapetou et de la Run for Planet. Me sentant pousser des ailes, j’en profitais pour mettre à jour ma bucket list, y ajoutant quelques marathons, un 24h solo et « monter sur un podium »… Je me disais que ça pourrait éventuellement se produire en vieillissant. Peut-être en catégorie M50, pourquoi pas ?

Je suis en train de boire une bière avec J-R et Pierre, je vais rester jusqu’au podium pour féliciter Élodie et Astrid. Jean-Michel, quant à lui, vient de franchir la ligne. C’est sa douzième course de l’année, ça sera aussi son dixième podium dans sa catégorie. Il termine ce 17 kilomètres remporté haut la main par Adrien. Adrien, c’est ce jeune garçon que j’avais rencontré aux 24h de Villenave d’Ornon. Il était dans l’équipe des trois bazadais qui avaient affronté la pluie, l’orage et le froid à nos côtés.

Si Astrid est habituée aux podiums, c’est une première pour Élodie qui prend une belle revanche en ce jour de fête des pères. Seul avec Astrid, François et Jean-Michel, nous assistons à la suite de la remise des récompenses du 9km. Alors que nous sommes en train de discuter, je capte mon nom, « Josselin Martineau », qui vient d’être annoncé au micro. Je ne comprends pas. Je dis à Astrid : « Il vient de dire mon nom. » Elle se met à rire, je percute. Je suis appelé à monter sur le podium dans ma catégorie M0M. Moi qui ai ce sentiment doux-amer d’être complètement passé à côté de ma course, je suis finalement récompensé par le premier podium de ma carrière d’athlète. Absolument incroyable. La surprise et l’urgence me poussent à monter tel que je suis, avec une veste par-dessus le maillot des Rapetou, et les poches pleines. Heureusement, Jean-Michel fera pour moi une deuxième prise à l’issue de la cérémonie.

Ayant oublié de déclencher ma montre, je ne m’étais absolument pas intéressé ni à mon chrono, ni à mon classement. Je finis 19ème sur les 97 arrivants du 9km, en 46min29s. Et avec beaucoup de fierté, je coche déjà cette case de ma bucket list que j’imaginais pouvoir rayer dans de nombreuses années encore… D’autant que l’année prochaine, je change de catégorie. Je serai donc parmi les plus jeunes et les plus frais des Masters 1… Alors, qui sait ?

Quoi qu’il en soit, et hors podium, ce trail des Trottebiots confirme mon appétence naissante pour la course de trail. Et clairement, peut-être aussi un certain goût pour la gadoue… S’ils ont l’occasion de lire cet article, un grand bravo à Astrid et Élodie qui ont illuminé le podium de Cudos. Bravo à Jean-Michel pour cette dixième victoire, et évidemment, bravo à Damien qui termine 10ème du 9km ! François, merci pour ta présence, tes encouragements et tes photos… J’espère te retrouver à mes côtés sur une prochaine ligne de départ !

Retour du trail fête des pères

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